PARIS (Reuters) - Quelques centaines de manifestants ont tenté vendredi de perturber la tenue de l'assemblée générale (AG) des actionnaires de TotalEnergies pour dénoncer l'impact écologique des activités du groupe français dans les énergies fossiles.
Des accrochages ont opposé certains de ces manifestants aux forces de l'ordre protégeant l'accès à la salle Pleyel, à Paris.
La police a aspergé de gaz lacrymogène des protestataires essayant de forcer ses barrages. Elle a aussi systématiquement protégé et escorté les actionnaires à leur arrivée, tandis que les manifestants s'efforçaient au contraire de les empêcher d'approcher.
"Ecoutez les scientifiques. Plus un seul projet fossile", pouvait-on lire sur des affiches brandies par les manifestants.
A l'intérieur de la salle Pleyel, de hautes plaques de verre transparent ont été dressées devant la scène pour protéger les intervenants tandis qu'à leur entrée, les actionnaires et les journalistes ont dû mettre leur téléphone portable dans une pochette scellée avec interdiction de l'utiliser.
En ouverture de l'AG, Patrick Pouyanné, PDG de TotalEnergies, a dit regretter ces "mesures exceptionnelles".
"Je regrette que cette rencontre ne puisse pas se passer dans un état comme il devrait l'être - que je dirais de dialogue - et j'espère en tout cas que le dialogue aura lieu", a-t-il dit.
Des manifestants dénonçant l'impact du pétrole ont aussi perturbé cette semaine l'assemblée générale de Shell (AS:SHEL), autre "major" du secteur, à Londres.
"METTRE LA PRESSION"
L'assemblée générale de actionnaires de TotalEnergies doit se prononcer sur la stratégie de l'entreprise en matière de climat.
Une résolution, que TotalEnergies a appelée à rejeter, a été déposée par des investisseurs afin que le groupe aligne ses objectifs 2030 d'émissions liées aux produits utilisés par ses clients - dites de "scope 3" - avec l'Accord de Paris sur le climat.
Le groupe a confirmé en mars sa cible d'émissions de "scope 3" pour 2030, qui s'établiraient à cette échéance à moins de 400 millions de tonnes équivalent CO2 (Mt CO2e), contre 389 Mt en 2022.
Le "scope 3" représente environ 91% des émissions de TotalEnergies. Depuis plusieurs années, des ONG et certains investisseurs lui demandent de se fixer des objectifs plus contraignants de baisse de cet indicateur.
Une autre résolution portant sur les progrès dans la mise en oeuvre des objectifs de TotalEnergies en matière de développement durable et de transition vers la neutralité carbone doit être soumise à un vote consultatif des actionnaires.
Interrogée vendredi sur franceinfo sur ces résolutions, Agnès Pannier-Runacher, ministre de la Transition énergétique, a jugé que le débat était "intéressant (...) pour mettre la pression sur Total (EPA:TTEF)".
"Des entreprises qui sont aujourd'hui positionnées sur le secteur du pétrole ou sur le secteur du gaz doivent se réinventer, elles doivent sortir des énergies fossiles", a-t-elle déclaré.
"Elles n'auront aucun avenir, et je l'ai dit à Patrick Pouyanné pour Total, si elles ne sont pas capables de tracer ces trajectoires de sortie des énergies fossiles et de décarbonation."
(Reportage Benjamin Mallet et Stéphanie Lecocq, rédigé par Bertrand Boucey et Zhifan Liu, édité par Blandine Hénault)