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Jour de vérité pour Obama au Congrès sur le libre-échange

Publié le 12/06/2015 18:07
Barack Obama après sa rencontre avec les Démocrates au Capitol à Washington DC, le 12 juin 2015 (Photo Mandel Ngan. AFP)

Barack Obama après sa rencontre avec les Démocrates au Capitol à Washington DC, le 12 juin 2015 (Photo Mandel Ngan. AFP)

Les parlementaires américains devaient voter vendredi pour accorder ou non à Barack Obama les pouvoirs étendus de négociation commerciale qu'il convoite, mais la résistance des élus protectionnistes de son propre parti démocrate risquait de faire couler l'initiative.

"Rien n'est jamais sûr ici, c'est toujours en train d'évoluer", a philosophé le président américain après une réunion en urgence avec les représentants démocrates, dans un sous-sol du Capitole - un déplacement très rare, à la hauteur de la priorité du dossier pour le chef de l'exécutif américain.

La Chambre des représentants votera à partir d'environ 16H45 GMT sur plusieurs textes dont une loi dite de procédure accélérée, TPA en anglais ("Trade Promotion Authority"): un mécanisme qui forcerait le jour venu le Congrès à approuver ou rejeter sans possibilité d'amendement tout accord commercial conclu d'ici 2018 (2021 en cas de prolongation).

Dans ce dossier, le match oppose le président américain et la majorité républicaine, d'une part, et la minorité démocrate, d'autre part. L'alliance inédite entre Barack Obama et les républicains est née de la conviction que les exportateurs américains ne peuvent que profiter de l'ouverture des frontières. A l'inverse, la plupart des démocrates ne veulent pas voter pour une nouvelle ouverture des frontières qui risque, selon eux, de conduire à la fermeture d'usines de filières fragiles dans leurs circonscriptions.

Barack Obama veut finaliser au plus vite, avant la fin de son mandat en janvier 2017, le partenariat transpacifique, connu à Washington sous ses initiales TPP, entrées dans le vocabulaire courant de la politique américaine.

Ce gigantesque accord approfondirait l'association entre les Etats-Unis et 11 pays en bordure du Pacifique, notamment le Japon, l'Australie, le Chili, mais pas la Chine.

Pour y parvenir, Barack Obama ne veut pas que le Congrès puisse désosser l'accord multilatéral négocié confidentiellement et à grand peine avec ses partenaires. Il souhaite que les élus approuvent d'abord la procédure accélérée.

C'est cette loi que les élus de la Chambre étaient appelés à adopter vendredi (le Sénat l'a fait le 22 mai), sans se prononcer aucunement sur le futur partenariat transpacifique.

Quinze accords commerciaux ont été approuvés grâce à une procédure similaire par le Congrès depuis 1979. L'accord en négociation avec l'Union européenne (TTIP) bénéficierait aussi de cette procédure.

- Résistances à gauche -

La cause est soutenue avec force par le patronat et une série de fédérations d'entreprises.

"Mon père, JFK, était pour le libre-échange. Les démocrates d'aujourd'hui devraient aussi l'être", a aussi écrit dans une tribune la fille de l'ancien président et héros démocrate John F. Kennedy, l'ambassadrice au Japon Caroline Kennedy.

Mais malgré le lobbying personnel de Barack Obama, beaucoup de démocrates refusaient de céder.

"Il ne m'a pas fait changer d'avis", a dit Gene Green après la réunion de vendredi.

Les accords commerciaux "enrichiront de façon fabuleuse certaines multinationales, les marges vont exploser", a dit son collègue Keith Ellison, qui votera non.

Les craintes sont aussi vives à l'égard des mécanismes d'arbitrage imaginés pour résoudre les différends entre Etats et investisseurs privés --comme au Parlement européen, qui s'est déchiré cette semaine sur la question dans le débat autour du futur accord Etats-Unis-UE.

Barack Obama a perdu nombre de ses alliés progressistes dans la bataille.

La plus grande fédération syndicale américaine, AFL-CIO, a lancé une virulente campagne pour faire échouer le vote de vendredi.

Dans une publicité, un ouvrier d'une aciérie de Baltimore licencié avec 2.100 autres en 2012 appelle Barack Obama à venir constater sur place les ravages de la mondialisation. Le président de l'AFL-CIO n'a pas de mots assez durs contre les futurs accords commerciaux, alors que la force de frappe syndicale est d'habitude mise au service du parti démocrate en période électorale.

Même rejet chez des ONG écologistes qui craignent un affaiblissement des normes environnementales: "voter pour la procédure accélérée, c'est voter contre la propreté de l'air, la propreté de l'eau et la protection du climat", a dit Michael Brune, directeur de la grande ONG Sierra Club.

Côté humanitaire, Médecins Sans Frontières a aussi pris position contre le futur partenariat transpacifique, qui selon l'association pourrait rendre plus difficile le recours aux médicaments génériques contre la tuberculose, le paludisme ou le VIH.

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