Prudence avec Nouvelle Démocratie ? Espoir de changement avec Syriza? Les chefs rivaux ont lancé leurs derniers arguments, les sondeurs leurs ultimes prédictions en faveur d'une victoire de Syriza, et l'électeur grec était laissé samedi au repos médiatique, tandis que le monde continue à se passionner pour le scrutin de dimanche.
"Attachez vos ceintures", titrait samedi l'hebdomadaire libéral Proto Thema, à la perspective de la victoire du parti de gauche anti-austérité Syriza.
Personne ne doute plus de sa victoire. Cinq derniers sondages publiés vendredi montraient une avance d'au moins 2,9 points, et jusqu'à 6,7 points, pour Syriza sur Nouvelle Démocratie du Premier ministre conservateur Antonis Samaras. Une inconnue demeure le choix final des 10 à 15% d'indécis.
Le président de Syriza et M. Samaras se sont lancés à distance leurs dernières piques vendredi soir, le premier à Héraklion en Crète, le second à Athènes.
M. Tsipras a assuré mener bataille "pour tous les peuples d'Europe", pour "mettre fin à l'austérité" et ainsi éviter "la fin de la démocratie". "C'est la raison pour laquelle les yeux de toute l'Europe sont rivés sur la Grèce et pour laquelle tous les peuples d'Europe attendent le 25 janvier", a-t-il lancé.
Devant une salle survoltée, presqu'entièrement bleue et blanche à force de drapeaux brandis, M. Samaras a voulu au contraire croire une dernière fois que "l'accident Tsipras n'arrivera pas", accusant Syriza d'être un parti "qui ne sait pas ce qu'est l'Europe, qui ne comprend pas l'Europe", et va "dresser l'Europe" contre la Grèce.
Mais quoi qu'il en dise, son au revoir en fin de discours sonnait un peu comme un adieu. I Avghi, journal très proche de Syriza, caricaturait samedi le premier ministre en train de rouler un tapis rouge à son nom, deux valises prêtes à côté de lui.
- Ouzo et tsipouro -
L'Europe, et le reste du monde, sont en tout cas venus suivre de près l'évènement : 876 journalistes sont accrédités -- 35% de plus qu'aux législatives de 2012 au plus fort de la crise -- dont 497 étrangers, venus de 45 pays, selon Georges Karayiannis, responsable du centre de presse.
Sans le dire explicitement, les partenaires de la Grèce eux-mêmes semblent avoir pris acte du changement à venir. Vendredi, la chancelière allemande Angela Merkel a assuré que la Grèce "continue à faire partie de l'histoire européenne", le premier ministre italien Matteo Renzi a dit que "quel que soit le vainqueur en Grèce, nous travaillerons avec le nouveau premier ministre dans la tranquillité et le respect du parcours établi".
Le ministre des Finances français Michel Sapin a déclaré que l'Eurogroupe se réunirait lundi au sujet de la Grèce, pour évoquer notamment le "laps de temps" à donner au gouvernement "pour être en capacité de dialogue".
Autant de propos qui n'auraient sans doute pas été tenus de la même façon si les sondages montraient une continuité du pouvoir en Grèce.
Samedi, les électeurs grecs étaient sevrés d'informations politiques à la radio et à la télévision, la loi prévoyant qu'à la veille des élections, ils ne doivent subir aucune influence. Télés et radios n'évoquaient ainsi les élections qu'en termes pratiques, comme les heures d'ouverture des bureaux de vote.
Quant aux candidats, comme c'est la tradition, ils prévoyaient de rencontrer "off" leurs supporters, les membres de leurs équipes de campagne ou des journalistes spécialisés, autour d'un ouzo ou d'un tsipouro, les alcools traditionnels grecs.
A la mi-journée, M. Samaras devait se rendre au kiosque de son parti sur la place Syntagma du centre d'Arthènes, tandis que M. Tsipras avait donné rendez-vous dans un café proche du parc central.