PARIS (Reuters) - Une plainte a été déposée par 217 personnes devant le pôle de santé publique de Paris contre le groupe néerlandais Philips dans l'affaire des respirateurs mis en cause pour leur caractère potentiellement cancérigène, a déclaré vendredi l'avocat des plaignants, confirmant une information de la cellule investigation de Radio France.
"Nous visons des infractions aussi graves qu'homicide involontaire, trois personnes sont décédées et les familles ont décidé de faire toute la lumière sur les décès, administration de substances nuisibles, mise en danger de la vie d’autrui et tromperie", a précisé Maître Christophe Lèguevaques à Reuters.
"Il y avait une enquête préliminaire et avec cette plainte, nous espérons qu'un juge d'instruction va être désigné", a-t-il ajouté.
Contacté, le Parquet de Paris n'a pas répondu dans l'immédiat.
Philips a rappelé en juin 2021 des millions d’appareils d’aide respiratoire et de ventilateurs utilisés pour l’apnée du sommeil en raison d’un risque de dégradation et de toxicité d’un composant en mousse qui pourrait devenir cancérigène.
En septembre dernier, le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire pour "tromperie aggravée, atteintes involontaires à l’intégrité physique, mise en danger de la vie d’autrui et administration de substances nuisibles".
L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) a également indiqué début avril avoir saisi la justice dans cette affaire. L'agence a pointé du doigts Philips pour n'avoir pas, en février dernier, remplacé la totalité des appareils mis en cause.
Le groupe néerlandais affirme cependant dans un courriel envoyé à Reuters que "Philips a expédié à ses clients français, une quantité totale d’appareils remédiés représentant 98% des appareils concernés par le rappel et éligibles à la remédiation".
"Concernant la catégorie des appareils de PPC pour le traitement du syndrome d’apnées du sommeil, ce taux est de 99% et est très probablement de 100% à fin mai", a ajouté le groupe.
Philips rappelle également les résultats annoncés en mai d'un examen indépendant réalisé sur 95% de ses respirateurs, qui aurait montré des risques limités pour la santé.
"En même temps que la plainte, nous communiquons un certain nombre de documents récupérés aux Etats-Unis, notamment le rapport toxicologique émis par Laurence Huc qui viennent contredire la plupart des information rassurantes de Philips", a indiqué Christophe Lèguevaques.
Le nombre de plaignants, qui ont contacté Christophe Lèguevaques via sa plateforme d'action collective MyLeo pourrait encore augmenter, car 200 dossiers liés à cette affaire sont en cours de traitement et que les inscriptions sont encore ouvertes, a précisé l'avocat.
(Reportage Kate Entringer, édité par Blandine Hénault)