PARIS (Reuters) - La présidente du Rassemblement national, Marine Le Pen, a lancé dimanche sa campagne pour l'élection présidentielle en France, sa troisième bataille pour l'Elysée, en appelant à un "sursaut" historique en 2022 face à la menace de "l'abîme".
La fille de Jean-Marie Le Pen, 53 ans, a cédé les rênes du parti à son numéro deux Jordan Bardella, 26 ans, pour se consacrer pleinement à son combat lors du Conseil national du RN à Fréjus (Var).
"Il est des batailles qu'on n'a pas le droit de perdre. (...) L'élection présidentielle de 2022 est de celle-là, et parce que nous n'avons pas le droit de la perdre, nous allons la gagner", a-t-elle lancé.
Sur la tribune, l'inscription "Le temps est venu" se détachait en grand sur un fond bleu, encadrée d'un compte à rebours vers le scrutin d'avril 2022 : "J-210".
"Nous arrivons à un carrefour, dont une voie conduit à l'abîme et l'autre au sommet", a déclaré Marine Le Pen.
"Il n'y aura que deux alternatives: soit la dilution de la France par déconstruction et submersion, soit le sursaut salutaire qui fera entrer la France dans le troisième millénaire autour de l'idée de nation", a-t-elle poursuivi, évoquant "un choix de civilisation".
Sans jamais citer le président sortant Emmanuel Macron, qu'elle avait affronté au second tour de l'élection présidentielle de 2017, elle a implicitement dénoncé sa politique : "Ils sont en train de tout démanteler, de tout liquider."
Marine Le Pen s'est posée en garante des libertés, sous le sceau des paroles de La Marseillaise, "Libertés, libertés chéries", qui seront son slogan de campagne.
"En avril 2002, ce sera davantage qu'un vote, un choix historique", a-t-elle martelé, précisant vouloir "sortir des logiques partisanes" et "associer tous les Français".
ZEMMOUR ? "JE NE LE TRAITERAI JAMAIS COMME UN ADVERSAIRE"
Jugeant le pays hors de "tout contrôle", elle a fustigé "un président arrogant" et "un pouvoir méprisant", renouvelant ses critiques contre le "pass sanitaire" au lendemain d'un neuvième samedi de mobilisation contre les mesures gouvernementales contre le COVID-19.
Des manifestations preuves, à ses yeux, d'un "malaise" face à "une société du flicage et du fichage".
Marine Le Pen a ensuite développé les thèmes porteurs de son parti, l'immigration, l'insécurité et la lutte contre le prosélytisme islamiste, donnant un large écho aux atteintes faites aux femmes.
"Nous devons décider qui rentre chez nous et à quelles conditions", a-t-elle lancé sous les applaudissements.
"Nous éradiquerons les bandes" dans les quartiers sensibles, a-t-elle poursuivi, promettant de mettre les délinquants "hors d'état de nuire".
"Les délinquants français en prison, les étrangers dans l'avion!", a-t-elle dit sous les vivats.
Elle s'est prononcée pour l'inscription des auteurs de harcèlement de rue au fichier des criminels et délinquants sexuels, déplorant "la pression qui règne aujourd'hui sur les jeunes filles dans certains quartiers de notre pays".
"Ces taliban de l'intérieur, nous les renverrons chez eux", a-t-elle clamé.
Fragilisée par le revers du RN aux élections régionales de juin dernier, menacée par une possible candidature du polémiste Eric Zemmour, Marine Le Pen joue son va-tout pour 2022.
Samedi soir, lors de l'émission "On est en direct", sur France 2, Eric Zemmour a estimé que Marine Le Pen "ne gagnera (it) jamais." "Voter Marine Le Pen, c'est voter Emmanuel Macron."
Il a affirmé ne pas avoir "peur" d'une candidature mais précisé vouloir "choisir son moment". Crédité de 8% des intentions de vote dans certaines enquêtes, il publie jeudi un manifeste, "La France n'a pas dit son dernier mot", qui empiète sur les thématiques de Marine Le Pen.
"Je pense qu'Eric Zemmour fait partie de ceux qui croient en la France. Nous avons des divergences, c'est sûr, mais je pense qu'on gagne dans l'union et pas dans la division. Donc je ne le traiterai jamais comme un adversaire et je pense qu'il devrait réserver ses attaques à Emmanuel Macron (...)", a déclaré la candidate du RN dimanche soir sur TF1 (PA:TFFP).
(Reportage Sophie Louet et Benjamin Mallet)