Sous la pression de l'Allemagne, la zone euro va reporter sa décision sur le renforcement de son pare-feu contre la crise de la dette et a annulé un sommet prévu vendredi réunissant les pays de l'Union monétaire, au risque de provoquer la colère de ses partenaires internationaux.
Le sommet des dirigeants de la zone euro prévu le 2 mars a été annulé en raison des réticences de l'Allemagne à discuter des moyens alloués au Mécanisme européen de stabilité (MES), a-t-on appris mardi de sources européennes.
"Les Allemands ne sont pas prêts", a confié un responsable gouvernemental européen s'exprimant sous couvert d'anonymat. "La chancelière Angela Merkel est d'accord sur le fond mais le moment n'est pas venu. La décision sera sans doute prise plus tard en mars", a ajouté ce responsable, laissant la porte ouverte à un nouveau sommet.
Une discussion des 17 dirigeants de la zone euro n'est pas exclue jeudi, a toutefois indiqué une source diplomatique. Aucune décision n'est à attendre.
Au départ, le président de l'Union européenne, Herman van Rompuy avait prévu de réunir les 17 dirigeants de la zone euro pour un déjeuner vendredi au dernier jour du sommet européen qui se tient jeudi et vendredi, à Bruxelles.
Objectif: réévaluer la taille du futur pare-feu de la zone euro, le MES.
Pour rassurer les marchés sur leur capacité à éviter une contagion de la crise, la zone euro --à l'exception de l'Allemagne-- souhaite combiner la capacité de prêts du fonds de secours temporaire, le Fonds européen de stabilité financière (FESF), avec celle du MES (500 milliards d'euros en théorie). Cela permettrait d'obtenir une force de frappe d'environ 750 milliards d'euros.
Mais Berlin dit vouloir en rester à 500 milliards et fait barrage sur ce dossier, pour ménager son opinion publique et certains députés de moins en moins enclins à venir à la rescousse des pays de la zone euro en difficulté.
Alors que les députés du Bundestag ont approuvé lundi le second programme d'aide à la Grèce, il est difficile pour la chancelière Angela Merkel de demander de revoir à la hausse l'enveloppe du fonds de soutien de la zone euro.
Preuve de ses crispations: les juges suprêmes allemands ont déclaré mardi illégale une mini-commission du Bundestag censée statuer sans débat public sur le sauvetage de l'euro, compliquant encore un peu la donne.
La politique budgétaire, dont relèvent les décisions sur l'euro qui engagent l'argent public allemand, "est de la responsabilité du Bundestag tout entier", a estimé le président de la cour Andreas Vosskuhle.
Mais de l'avis du président du Parlement européen, l'Allemand Martin Schultz, Berlin finira par se ranger à la majorité.
"Au final Angela Merkel est toujours prête à faire le nécessaire (pour aider la zone euro, ndlr). Mais toujours au final. Ce serait mieux si elle faisait le nécessaire au début", a-t-il affirmé dans un entretien au Spiegel Online mardi.
Au final, la zone euro va devoir encore attendre pour trancher sur le renforcement de son pare-feu, comme l'avait laissé entendre dès dimanche le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble dimanche, malgré une intense pression internationale.
Les pays du G20 avaient pourtant jugé indispensable ce week-end, lors de leur réunion à Mexico, que le pare-feu de l'Union monétaire soit mis en place avant de pouvoir financer davantage le Fonds monétaire international (FMI), qui pourrait ensuite aider en retour la zone euro.
Une réunion ministérielle du G20 est prévue à Washington à la mi-avril pour examiner les progrès européens, mais avant cela le FMI doit se prononcer mi-mars sur un autre volet de la réponse à la crise: sa participation au second plan d'aide à la Grèce, qui comprend une aide publique de 130 milliards d'euros.
Or, de la décision sur le pare-feu risque de dépendre la contribution du FMI au plan de sauvetage. A l'heure actuelle, le FMI envisagerait une enveloppe limitée d'environ 13 milliards d'euros.