Le gouvernement a décidé de taxer pour la première fois les sodas, une mesure surprise annoncée dans le cadre du plan d'austérité dans le but de lutter contre l'obésité, et qui a provoqué la colère immédiate du secteur.
La création de cette taxe, qui concerne les seules boissons à sucres ajoutés, est "inacceptable", a affirmé mercredi à l'AFP Jean-René Buisson, président de l'Association nationale des industries alimentaires (Ania).
Cette taxe, déjà pratiquée selon l'Ania dans certains pays du nord de l'Europe, doit générer 120 millions de recettes supplémentaires pour la sécurité sociale et entrera en vigueur le 1er janvier 2012, a indiqué Matignon.
Pour justifier cette mesure, qui fait partie d'un vaste plan d'austérité pour 2011-2012, le gouvernement rappelle qu'entre 1997 et 2009 le poids moyen des Français a augmenté de 3,1 kg alors que leur taille progressait de 0,5 cm.
"La prévalence de l'obésité, qui s'élevait à 8,5% en 1997, atteint désormais près de 15%, une progression de plus de 70% en 12 ans", a souligné Matignon, invoquant l'Organisation mondiale de la santé (OMS).
Le gouvernement veut donc "renchérir le prix des boissons sucrées dont une consommation non maîtrisée favorise la prise de poids afin d'inciter les consommateurs à réduire leur consommation".
La réaction du patronat du secteur alimentaire a été fulgurante. "C'est une politique identique à celle qui a été menée pour l'alcool et pour le tabac et nous ne voulons pas que l'alimentation subisse ce type d'approche", a dénoncé M. Buisson, qui s'est dit "furieux".
"C'est la première fois que cela se fait, c'est inacceptable", a-t-il ajouté.
"Nous sommes conscients de la nécessité de participer aux efforts collectifs mais nous ne voulons pas que cette mesure soit prise en fonction des aspects nutritionnels du produit", a expliqué le président de l'Ania.
"Le vrai problème pour nous est la motivation de cette mesure" lorsque "le gouvernement avance l'aspect nutritionnel et le risque d'obésité", a-t-il souligné.
Selon lui, "c'est la porte ouverte à une segmentation des produits", une politique qui s'apparentera "à celle menée pour l'alcool et pour le tabac".
Selon les calculs de l'Ania, le prix de la canette devrait augmenter en moyenne de un centime d'euros.
La taxe prendra la forme d'une "accise spécifique sur les boissons sucrées dont le taux sera aligné sur celui du vin". Selon l'Ania, elle devrait atteindre environ 4,3 euros l'hectolitre.
Les eaux, les jus de fruit (sans sucres ajoutés) et les produits contenant des édulcorants ne sont pas concernés par cette mesure.
Actuellement, le vin est soumis à la TVA normale de 19,6% alors que les eaux et boissons non alcoolisées ne sont taxées qu'à 5,5%.
Pour prendre l'exemple du numéro un des boissons gazeuses en France, Coca-Cola (qui possède aussi d'autres marques comme Fanta ou Sprite) se verra taxer sa boisson mythique, mais pas ses déclinaisons "light" et "zéro".
Dans son portefeuille, Coca-Cola France détient 26% de boissons light, 37% de boissons sucrées et 31% de boissons à sucre à teneur réduite, selon les chiffres communiqués par le groupe.
Le Baromètre Santé Nutrition 2008, publié par l'INPS (Institut national de prévention et d'éducation pour la santé), relevait que plus d'un Français sur cinq (22%) déclarait avoir bu la veille au moins une fois une boisson sucrée, une proportion nettement plus élevée chez les hommes que les femmes, et davantage chez les jeunes.
Les tranches d'âge les plus concernées sont les 12-25 ans (40%) et les 26-44 ans (27,4%).