par Pascale Denis
PARIS (Reuters) - Le Printemps devrait signer une année record à l'issue de son exercice 2018-2019, tirée par le rebond du marché du luxe et par le succès de son nouveau magasin parisien dédié à l'homme.
Le groupe de grands magasins bénéficie de la reprise des flux touristiques à Paris mais récolte aussi les fruits des travaux massifs de rénovation opérés ces trois dernières années dans son magasin historique du boulevard Haussmann, pour un montant de 100 millions d'euros.
Après avoir ouvert cinq étages consacrés à l'homme en 2017 puis trois, en 2018, dédiés à l'alimentation et la restauration - avec un tout dernier restaurant panoramique situé au 9e étage - le grand magasin parisien revendique une fréquentation en hausse de 15%, aidée toutefois par une base de comparaison aisée liée aux travaux de l'exercice précédent.
"Notre stratégie d'investissement visant à proposer des choses uniques et des expériences différenciantes s'est révélée payante", a déclaré à la presse mardi Paolo de Cesare, président du Printemps, pour qui la fréquentation du magasin d'Haussmann devrait atteindre les 25 millions de visiteurs cette année.
"L'exercice en cours devrait être record", a-t-il ajouté.
Après une progression de 6% au premier semestre, les ventes de l'exercice clos le 31 mars 2019 devraient signer, selon lui, une hausse comprise entre 6% et 8% et atteindre 1,7 milliard d'euros pour l'ensemble du groupe, à savoir les magasins Printemps, le site placedestendances.com et l'enseigne Citadium.
Les ventes du magasin historique du boulevard Haussmann devraient grimper de 8% à 10% et atteindre la barre du milliard d'euros - soit le double d'il y a 10 ans.
La hausse devrait être limitée à 1% dans les autres magasins de l'enseigne, dont 13 en province, où la consommation est essentiellement locale, pour des ventes de 500 millions d'euros.
Elle devrait atteindre près de 20% pour lacedestendances.com, à près de 100 millions d'euros, et dépasser les 10% pour Citadium à environ 100 millions également.
SURPERFORMANCE
Les grands magasins parisiens rivalisent d'efforts pour se différencier et attirer les visiteurs à force de jeunes marques "exclusives" en plein essor, d'expositions ou d'événements culturels.
Ils ont aussi massivement investi l'alimentation et la restauration, comme la nouvelle Grande Epicerie du Bon Marché, propriété de LVMH (PA:LVMH) ou la future franchise de l'enseigne italienne Eataly confiée aux Galeries Lafayette.
Ces dernières, qui vont entamer à leur tour d'importants travaux de rénovation sur le boulevard Haussmann à partir de 2019, ont vu leurs ventes "légèrement progresser" sur les huit premiers mois de l'année dans leur magasin parisien, aux dires du directeur général du groupe Galeries Lafayette, Nicolas Houzé.
Le Printemps, qui réalise aujourd'hui 7% de ses ventes en ligne via son site de marques "premium" Place des tendances, entend pour sa part accélérer la cadence dans le digital avec le lancement d'un site dédié au luxe baptisé Le Printemps.com, qui devrait voir le jour à la fin 2019 ou au début 2020.
Contrairement au choix de LVMH, dont le site 24 Sèvres a opté pour une offre ciblée et relativement restreinte, le futur site du Printemps vise une offre plus extensive, plus proche de celle de son magasin.
Grâce à ce futur site, Le Printemps compte, à terme, réaliser entre 15% et 20% de ses ventes en ligne, a précisé Paolo de Cesare.
Les performances du Printemps s'inscrivent dans un marché français de l'habillement toujours sinistré.
Après une stabilisation en 2017, la première depuis dix ans, le marché est reparti à la baisse, accusant un recul de 2,3% sur les sep premiers mois de l'année, malgré une progression toujours solide (+6,5%) des ventes en ligne.
En 2018, Amazon (NASDAQ:AMZN) est arrivé en tête des sites pour les dépenses de mode avec une part de marché de 7,6%, devant vente-privée.com (7,1%), le géant américain du e-commerce ayant séduit un Français sur 10 grâce à son offre très large de produits à petits prix.
(Pascale Denis, édité par Jean-Michel Bélot)