Trois compagnies américaines ont perçu 71,48 milliards de dollars en avantages et prestations publics, a révélé une étude publiée vendredi par Etihad Airways d'Abou Dhabi, elle-même accusée, avec Emirates de Dubaï et Qatar Airways, de concurrence déloyale par ces compagnies.
L'étude menée par le cabinet de conseil international Risk Advisory Group a repertorié "une gamme d'avantages et de concessions du gouvernement et de la justice, perçues par les trois plus grands transporteurs américains Delta Air Lines, United Airlines et Américan Airlines, et d'autres compagnies aériennes avec lesquelles ils ont fusionné", selon un communiqué d'Etihad.
"Ces compagnies aériennes américaines ont reçu des prestations de 71,48 milliards de dollars au total, dont plus de 70 milliards depuis l'an 2000, permettant aux trois plus grands transporteurs du pays, qui étaient au bord de la faillite, de devenir aujourd'hui des leaders de l'industrie" mondiale du transport aérien, ajoute le communiqué.
En 2014, les trois plus grandes compagnies américaines ont dégagé un bénéfice net cumulé de 8,97 milliards de dollars, soit 45% des 19,9 milliards de dollars de bénéfices réalisés l'an dernier par l'ensemble du secteur du transport aérien dans le monde, relève le texte.
L'étude indique que "la majorité des avantages dont ont bénéficié" les trois compagnies "provenaient de leur restructuration en vertu du chapitre 11 de l'US Federal Bankruptcy Code, leur apportant au moins 35,46 milliards de dollars, et d'autres plans de sauvetage des caisses de retraite totalisant 29,4 milliards de dollars par la Pension Benefit Guaranty Corportation du gouvernement américain".
Début mars, American Airlines, Delta Airlines et United Airlines ont demandé aux autorités américaines des mesures de protection pour se prémunir d'Emirates, d'Etihad et de Qatar Airways qui ont, selon elles, bénéficié de 42 milliards de dollars d'aides gouvernementales depuis 2004.
Le ministre de l'Economie des Emirats arabes unis a ensuite rejeté ces accusations comme "fausses et inacceptables". Le PDG de Qatar Airways a nié que sa compagnie reçoive des subventions et accusé Delta Air Lines de faire voler des avions "pourris".
L'avocat général d'Etihad, Jim Callaghan, cité dans le communiqué, a indiqué "ne pas remettre en question la légitimité des prestations apportées aux transporteurs américains par le gouvernement et les tribunaux américains".
"Nous voulons tout simplement souligner le fait que les transporteurs américains ont bénéficié et continuent de bénéficier d'un système juridique très favorable comme la protection de la faillite et les garanties de retraite ainsi que d'exonérations de certaines taxes et de divers autres avantages", a-t-il ajouté.
Début mai, le PDG d'Air France Frédéric Gagey a critiqué les "subventions indirectes" dont bénéficient, selon lui, les compagnies aériennes du Golfe qui versent très peu de redevances aéroportuaires dans leurs pays et indiqué que la Commission européenne s'était "saisie du dossier".
Les compagnies aériennes du Golfe font l'objet depuis une dizaine d'années de critiques et de plaintes en Europe, où des groupes s'inquiètent de la concurrence des Emirats arabes unis et du Qatar, dont les aéroports sont devenus de gigantesques plates-formes.