► Cela dit, les incertitudes sur le rythme de baisse des taux l’année prochaine restent importantes avec des risques à la hausse comme à la baisse en fonction de l’amplitude du ralentissement de l’économie américaine et du rythme de normalisation des pressions inflationnistes globales.
► La Fed a réduit ses taux de 50pb la semaine dernière et ses membres prévoient 50pb de baisses supplémentaires d’ici la fin de l’année. Ces baisses des taux agressives en début de cycle de baisse sont justifiées, par la Fed, par le fait qu’un recalibrage était nécessaire maintenant que les risques entre inflation et emploi sont redevenus « globalement équilibrés ». Mais la Fed n’indique pas qu’il s’agit du nouveau rythme de baisse de taux normal, puisqu’elle prévoit « seulement » quatre baisses de taux l’année prochaine. C’est aussi notre scénario central, même si nous pensons que les taux pourraient baisser plus fortement à court terme en cas de récession et moins fortement à moyen terme, si les pressions inflationnistes ne se normalisent pas totalement l’année prochaine.
►Les autres banques centrales maintiennent une approche plus prudente. La BCE et la Banque d’Angleterre (BoE), plaident toujours pour des baisses de taux plus lentes. Après leur baisse de taux de 25pb au début de l’été, elles ont maintenu les taux inchangés en septembre et leur discours suggère qu’elles devraient les baisser de 25pb d’ici la fin de l’année. Elles justifient cette prudence par le fait que les marchés de l’emploi se détendent moins vite en Europe qu’aux Etats-Unis et parce que l’inflation dans les services cœurs est plus persistante. Cette approche nous semble raisonnable, même si elles pourraient devoir accélérer leur baisse de taux l’année prochaine, si les risques baissiers sur l’économie se matérialisaient.
►Les questions sur la conjoncture européenne sont importantes vu le ralentissement de la reprise cet été, le malaise de l’économie allemande et les incertitudes politiques en France. Dans ce cadre, les PMI de septembre publiés ce matin seront importants à regarder pour juger de la solidité de notre scénario de reprise limitée.
► La hausse de la confiance des consommateurs de la zone euro en septembre est rassurante dans ce contexte, alors qu’elle avait baissé en aout. En effet, nous comptons sur la consommation pour soutenir une légère croissance de la zone euro dans les prochains trimestres.
►La BoJ, reste la seule grande banque centrale qui remonte ses taux, même si elle a été plus prudente en septembre. Elle souhaite éviter de récréer de la volatilité sur les marchés, comme elle l’avait fait début aout. Toutefois, la poursuite des progrès vers une inflation durablement à 2% devrait selon nous lui permettre de remonter de nouveau ses taux d’ici la fin de l’année, probablement en décembre. Cela devrait continuer de soutenir de Yen à moyen terme et, au contraire, peser un peu sur les actions japonaises.
►En tout cas, ce n’est pas la politique qui offre plus de certitudes à court terme. Le nouveau gouvernement français est fragile et va devoir dès début octobre présenter ses priorités et un budget, ce qui ne va pas être aisé. Les risques d’escalade au Moyen-Orient continuent d’augmenter après les ripostes entre le Hezbollah et Israël ce week-end. Et cela alors que les élections américaines approchent…
Zone euro : la confiance des consommateurs se reprend un peu en septembre
En septembre, la confiance des consommateurs en zone euro annule sa baisse inattendue d’aout, pour atteindre -12,9pt. C’est son plus haut niveau depuis le début de la guerre en Ukraine, même si cela reste en dessous de sa moyenne de long terme.
Ce premier indicateur de confiance pour septembre est rassurant vu que nous comptons sur la consommation pour soutenir une légère croissance de la zone euro dans les prochains trimestres. En effet, la bonne tenue des marchés de l’emploi et les salaires plus dynamiques que l’inflation, soutiennent le pouvoir d’achat des ménages. Maintenant que la restriction monétaire diminue avec la baisse des taux de la BCE, cela devrait soutenir la consommation. Cela dit, la consommation a déçu au 2ème trimestre en baissant de 0,1% après une hausse de 0,3% au T1, et les incertitudes politiques dans plusieurs grands pays de la zone pourraient pousser les ménages à rester prudents et à maintenir un taux d’épargne élevé. Dans ce contexte, la poursuite de la normalisation de l’indicateur de confiance des ménages est un signe favorable, qui va dans le sens de notre scénario de croissance limitée mais positive de la zone euro dans les prochains trimestres.
Aujourd’hui, la publication des PMI avancés de la zone euro pour septembre seront des indicateurs encore plus importants pour voir si la reprise se poursuit, même à un rythme limité. Le PMI composite de la zone avait rebondi un peu en aout après s’être approché de la zone de stagnation en juillet, mais il avait bénéficié d’un fort effet JO qui avait stimulé le PMI services en France. Il va être important de voir si sans cet effet temporaire, le PMI reste tout de même en zone d’expansion en septembre.
Japon : la banque centrale maintient ses taux inchangés en septembre
La Banque du Japon (BoJ) a adopté un ton un peu plus prudent en septembre après avoir choqué les marchés en juillet, sans toutefois remettre en cause la trajectoire haussière des taux directeurs à moyen terme.
La BoJ avait favorisé la volatilité sur les marchés financiers début aout après avoir augmenté ses taux directeurs fin juillet, surtout parce qu’elle avait adopté un discours assez dur en indiquant qu’elle était prête à continuer d’augmenter les taux assez rapidement.
Vendredi, la BoJ a été prudente. Elle a maintenu son taux directeur à 0,25%, comme attendu. Surtout, elle a retiré de son communiqué la référence à des hausses de taux à venir et elle a ajouté qu’elle faisait très attention aux évolutions des marchés et du change.
Cela dit, elle ne remet pas en cause la trajectoire haussière de ses taux, en indiquant qu’elle est de plus en plus confiante dans le fait que l’inflation va converger vers sa cible de moyen terme de 2%.
Nous pensons toujours que la BoJ va de nouveau augmenter ses taux d’ici la fin de l’année, même si elle attendra probablement décembre afin que les incertitudes liées aux élections américaines et potentiellement au Japon soient passées.
Japon : l’inflation sous-jacente se stabilise à la cible en aout
L’inflation japonaise rebondit en aout de 2,8% à 3,0%, comme attendu. Même si cela vient principalement des prix importés et alimentaires, il est tout de même notable que l’inflation japonaise soit au-dessus de la cible depuis plus de 2 ans. Surtout, l’inflation sous-jacente se stabilise à la cible de 2% alors qu’elle refluait ces derniers mois. Et elle réaccélère en rythme séquentiel, avec notamment des prix un peu plus dynamiques dans les services.
Associé à l’accélération des salaires et à la reprise cyclique cette année, cela renforce la confiance de la BoJ dans le fait que le Japon puisse sortir durablement de la déflation. Notons toutefois que les anticipations d’inflation, même si elles augmentent, restent un peu en dessous du niveau nécessaire, pour être sûr que l’inflation restera durablement à la cible.
Au total, la BoJ devrait pouvoir progressivement remonter ses taux directeurs, qui restent très bas à 0,25%, surtout par rapport aux taux des autres banques centrales. Mais elle doit le faire de façon graduelle et prudente, surtout à un moment où l’inflation reflue dans les autres pays développés et où les autres banques centrales baissent leur taux.
Le marché reste prudent sur ces hausses de taux, puisqu’il n’intègre qu’une chance sur deux pour une hausse d’ici la fin de l’année et n’intègrent une hausse de taux complète que pour mi-2025. Vu notre scénario un peu plus agressif, nous pensons que le yen conserve un potentiel d’appréciation à moyen terme, ce qui pourrait peser sur les actions japonaises, qui restent très exposées au change.
Xavier Chapard, Stratégiste
[/killinfeed] Les réunions de septembre des principales banques centrales ont apporté un peu plus de clarté sur les trajectoires des taux directeurs pour la fin de l’année. Le retour du soutien de la Fed, qui veut éviter à tout prix d’être en retard dans son soutien à l’économie, est plutôt positif pour les actifs risqués et est favorable à une repentification de la courbe des taux.