PARIS (Reuters) - Le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky, actuellement en négociations pour acquérir une partie d'Atos (EPA:ATOS), entend maintenir une participation "minoritaire" et "passive" dans le groupe français, a déclaré jeudi son porte-parole.
Plus tôt dans la journée, certains parlementaires français avaient fait part de leur inquiétude concernant une telle vente, estimant que cela pourrait compromettre l'indépendance de la dissuasion nucléaire française.Atos a annoncé cette semaine être en pourparlers avec Daniel Kretinsky dans le cadre d'une vente de 2 milliards d'euros de ses activités historiques, mais déficitaires, qui recentrera l'entreprise en difficulté sur la cybersécurité et l'informatique dématérialisée tout en réduisant sa dette. Un accord accorderait par ailleurs à Kretinsky une participation de 7,5% dans la division qu'Atos conserverait, et qui serait rebaptisée Eviden.
Un groupe de députés et sénateurs Les Républicains a toutefois publié une tribune dans Le Figaro daté de jeudi, dans laquelle ils s'inquiètent d'une cession qui risquerait de faire tomber les supercalculateurs utilisés pour le calcul des essais nucléaires virtuels sous contrôle étranger. "L'hypothèse de voir un acteur étranger si puissant, s'approcher de nos capacités militaires ultra-sensibles, mérite toute notre attention", écrit le groupe dirigé par le sénateur Cédric Perrin, vice-président de la commission des affaires étrangères et de la défense du Sénat. Seul le gouvernement peut bloquer la vente d'entreprises.
"Nous n'accroîtrons pas notre part (dans Eviden) au delà du seuil annoncé et nous ne jouerons aucun rôle actif de quelque nature que ce soit et moins encore exercerons de contrôle", a déclaré le porte-parole de Daniel Kretinsky dans un communiqué adressé à Reuters.
Daniel Kretinsky désire toutefois être un actionnaire de très long terme dans la division Tech Foundation, qui regroupe les activités historiques d'Atos.
"La préoccupation des parlementaires est légitime, mais elle repose sur une hypothèse qui ne se vérifiera pas", a expliqué le porte-parole du milliardaire tchèque.
"Nous comprenons parfaitement l’importance stratégique des services d'Eviden pour la France et nous entendons respecter absolument la souveraineté nationale en cette matière", a-t-il ajouté.
Ni le ministère de l'Economie et des Finances, ni Atos n'ont souhaité faire de commentaire. Daniel Kretinsky s'est lancé dans une frénésie d'achats en France, jetant son dévolu sur des actifs allant de Casino au groupe d'édition Editis de Vivendi (EPA:VIV). "Il y a un historique qui montre que quand on est minoritaire on peut vite devenir majoritaire. Le vrai problème c'est la souveraineté", explique Cédric Perrin à Reuters. Les parlementaires se sont étonnés que l'offre d'un autre acheteur, un consortium des sociétés françaises Astek et ChapsVision, n'ait pas été davantage pris en considération. Une source proche d'Astek souligne que l'activité cybersécurité d'Atos, qui comprend l'ancienne société Bull qui fabrique les supercalculateurs français, héberge également d'autres actifs sensibles cruciaux pour les intérêts des services de renseignement français.
(Reportage Michel Rose, MathieuRosemain, Sharon Singleton, version française Corentin Chappron, édité par Nicolas Delame et Camille Raynaud)