par Caroline Valetkevitch
NEW YORK (Reuters) - Dans un contexte de taux bas, les valeurs à haut dividende ont le vent en poupe à Wall Street et cette quête de rendement devrait continuer à profiter au secteur des services aux collectivités et, dans une moindre mesure, à celui des télécoms dans les prochaines semaines.
L'indice S&P-500 du secteur des "utilities", dont le taux de dividende à 3,9% dépasse de plus de 100 points de base le rendement de l'emprunt du Trésor à 10 ans, a mené les hausses à la Bourse américaine vendredi alors que le rendement de l'emprunt phare tombait à un plus bas de 14 mois.
Depuis le début de l'année, l'indice sectoriel a gagné 8,8%, la troisième meilleure performance du marché après ceux des technologies et de la santé. Les télécoms n'ont pas fait aussi bien, avec un gain de seulement 0,8% pour leur indice, mais deux valeurs de ce secteur, Windstream Holdings et Frontier Communications, ont bondi de plus quelque 40% sur la période.
Au 30 juin, les services aux collectivités affichaient un gain de 16,4%, ce qui en faisait le secteur le plus performant de Wall Street, à la suite de quoi des prises de bénéfice ont réduit son avance.
Les utilities bénéficient tout à la fois de leurs dividendes élevés, d'un statut de valeur refuge en période d'incertitudes économiques et d'une valorisation toujours favorable, puisque leur ratio prix/résultats estimés est à 14,9 contre 15,2 pour le S&P-500, selon les données Thomson Reuters.
Selon les analystes, cette conjonction favorable devrait perdurer.
"Le 10 ans américain procure un rendement attractif compte tenu du contexte de rendements très faibles ailleurs dans le monde. Cela renforce l'attractivité des secteurs à haut dividende et c'est un peu ce qui fait le 'la' sur le marché", estime Quincy Krosby, stratège chez Prudential Financial à Newark, dans le New Jersey.
"PAS D'ALTERNATIVE"
Les tensions géopolitiques dans le monde, particulièrement en Ukraine, ont accru la demande pour les obligations souveraines réputées sûres et qui restent par ailleurs soutenues par les rachats d'actifs opérés par la Réserve fédérale, même si son programme d'assouplissement quantitatif touche à sa fin.
L'indice sectoriel des utilities a bondi de 2% vendredi, sa plus forte hausse en pourcentage depuis juin, après avoir pendant la semaine flirté avec la définition technique d'une correction puisqu'il perdait près de 10% par rapport à ses plus hauts du 30 juin.
La baisse des rendements obligataires profite aussi aux trackers (ETF, exchange-traded funds) qui répliquent des valeurs à haut dividende comme l'ETF "Powershares Dividend Achiever", lequel s'est adjugé 1,3% vendredi pour une hausse de 3,2% depuis le début de l'année.
L'ETF First Trust Morningstar Dividend Leaders a fait encore mieux, gagnant 1,2% vendredi pour porter sa hausse à 6% depuis le 1er janvier.
L'indice S&P des télécoms offre un dividende encore supérieur à celui des utilities, à 4,7%, mais avec un échantillon de valeurs plus réduit. Le secteur est resté à la traîne cette année du fait de performances mitigées de ses deux principaux représentants, AT&T et Verizon.
Mais Windstream Holdings, spécialisé dans les réseaux de communications, offre un rendement de 9%, le plus élevé du S&P-500, et Frontier Communications est troisième avec un rendement de 6,2% selon les données de Thomson Reuters. C'est bien plus que la moyenne du S&P - +2,4% - et cela explique leur gains respectifs de 40% et 37% depuis le 1er janvier.
"C'est vers ces valeurs de rendement que les investisseurs vont continuer de se tourner car il n'y a pas actuellement d'alternative", prédit Mark Luschini, stratège chez Janney Montgomery Scott à Philadelphie.
(Véronique Tison pour le service français)