par Juliette Rouillon
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en léger recul, jeudi, une séance hésitante, dans un marché pris entre les progrès affichés dans les négociations commerciales entre Washington et Pékin d'un côté et les inquiétudes sur la croissance et l'impasse autour du Brexit de l'autre.
À Paris, l'indice CAC 40 a terminé en baisse de 0,09% à 5.296,54 points. Le Footsie britannique a cédé 0,56% et le Dax allemand 0,08%.
L'indice EuroStoxx 50 a perdu 0,05%, le FTSEurofirst 300 0,2% et le Stoxx 600 0,12%.
Sur le front des négociations commerciales entre Chinois et Américains, les dernières nouvelles font état, selon plusieurs sources, de progrès dans tous les domaines abordés, avec des propositions sans précédent de Pékin sur l'épineuse question des transferts de technologie forcés.
Le Premier ministre chinois Li Keqiang a par ailleurs annoncé que Pékin allait améliorer l'accès des banques, des compagnies d'assurance et des intermédiaires financiers étrangers à ses marchés.
Parallèlement, l'impasse persiste à Londres sur le Brexit malgré la promesse de Theresa May de démissionner si l'accord de retrait qu'elle a négocié avec les Européens est enfin ratifié par la Chambre des Communes. Un nouveau vote, le troisième, pourrait avoir lieu ce vendredi. Mais à ce stade, rien n'est acquis.
Boris Johnson, l'ancien secrétaire au Foreign Office, figure emblématique des "Brexiters", estime que l'accord de Brexit est "mort".
Mais l'attention est surtout focalisée sur les inquiétudes concernant la croissance malgré une remontée des rendements sur leurs points bas de mercredi.
VALEURS
Le secteur bancaire accuse la plus forte baisse sectorielle avec une perte de 1,27%, affecté par le récent mouvement de baisse des rendement obligataires et l'inquiétude qui l'accompagne concernant la croissance, et ce malgré la volonté de la BCE de compenser les effets secondaires des taux négatifs pour les banques.
Deutsche Bank (DE:DBKGn) a reculé de 3,42% et Commerzbank (DE:CBKG) s'est replié de 3,32%. Deutsche Bank discute d'une levée de fonds pouvant atteindre jusqu'à 10 milliards d'euros en vue d'un rapprochement avec sa rivale, a rapporté le Financial Times.
Le secteur automobile a fini dans le rouge à la suite d'un avertissement sur ses résultats 2019 du spécialiste allemand de l'éclairage Osram qui cite notamment la faiblesse du secteur automobile.
Osram a perdu 13,39% et l'indice automobile 0,75%
Fiat Chrysler Automobiles (NYSE:FCAU) a cédé 2,03% en réaction a la déclaration du directeur général de Nissan (T:7201) Hiroto Saikawa selon laquelle il n'a pas entendu parler de discussions portant sur une éventuelle offre de son partenaire Renault (PA:RENA) sur le contructeur américano-italien.
Volkswagen (DE:VOWG_p) a dit de son côté qu'il n'était pas intéressé par FCA.
Infineon (DE:IFXGn) recule de 2,02% après avoir déjà perdu 5,2% mercredi en réaction à un avertissement sur son chiffre d'affaires annuel.
EssilorLuxottica (-2,64%) figure parmi les plus nets replis du CAC 40 après la demande d'arbitrage international de Delfin, holding du premier actionnaire et président exécutif du groupe, Leonardo del Vecchio, pour faire constater ce qu'elle qualifie de "violations de l'accord de rapprochement de 2017" entre Essilor et l'italien Luxottica.
A WALL STREET
La Bourse de New York oscille également entre le rouge et le vert entre inquiétudes sur la croissance et optimisme sur les discussions sino-américaines.
A la clôture en Europe, le Dow Jones gagne 0,08% à 25.645,12 points et le Standard & Poor's 500 progresse de 0,13% à 2.808,89 points. Le Nasdaq Composite prend 0,24% à 7.661,57 points.
LES INDICATEURS AMÉRICAINS DU JOUR
Un PIB américain inférieur aux attentes, avec une croissance annuelle inférieure à l'objectif de 3% de l'administration Trump, a eu peu d'impact. Le produit intérieur brut (PIB) a crû de 2,2% en rythme annualisé, a annoncé le département du Commerce jeudi, en troisième et dernière lecture.
Les inscriptions hebdomadaires aux Etats-Unis au chômage ont diminué lors de la semaine au 23 mars, à 211.000 contre 216.000 (nombre révisé) la semaine précédente, a annoncé jeudi le département du Travail. Les économistes attendaient en moyenne 225.000 inscriptions au chômage.
Les promesses de vente dans l'immobilier ancien ont diminué contre toute attente en février, tandis que la forte hausse du mois précédent a été révisée vers le bas, a annoncé la National Association of Realtors (NAR).
CHANGES
Le dollar a progressé contre un panier de devises de référence malgré la faiblesse du PIB du quatrième trimestre, soutenu par la remontée des rendements des obligations à long terme du Trésor et des déclarations accommodantes d'autres banques centrales dans le monde, notamment de la Banque centrale européenne (BCE) et de la Banque de Réserve de Nouvelle Zélande.
L'euro se traite à 1,1218 dollar, en baisse de 0,28% au lendemain des informations selon lesquelles la BCE planche sur différentes options visant à abaisser la charge pour les banques de leurs liquidités excédentaires qu'elles déposent auprès de l'institut de Francfort, afin de compenser l'impact des taux de dépôts négatifs.
De son côté la livre sterling est repassée sous le seuil de 1,31 dollar, la proposition de Theresa May de quitter sa fonction de Premier ministre en cas de ratification de l'accord du Brexit n'ayant pas convaincu le Parti unioniste démocratique (DUP) d'Irlande du Nord de soutenir l'accord négocié avec Bruxelles.
TAUX
Sur le marché obligataire, les signes d'inversion de la courbe des taux américains, qui font craindre une entrée en récession de la première économie mondiale, restent au coeur des inquiétudes des investisseurs.
Le rendement des Treasuries à 10 ans est toutefois remonté autour de 2,384% après avoir touché un nouveau plus bas de 15 mois à 2,34% en début de séance. Dans le même temps, le rendement des T-Bills à trois mois est en léger repli, à 2,435% contre 2,442% mercredi.
Celui du Bund allemand à 10 ans est quasi stable, à -0,069%.
PÉTROLE
Les deux contrats de référence ont réduit leurs pertes, sans tenir compte des déclarations du président américain Donald Trump, exhortant à nouveau l'Opep à augmenter la production pour faire baisser les prix.
Le baril de Brent est remonté vers les 67,50 dollars, en repli de 0,56%, et le brut léger américain à 59 dollars, en baisse de 0,7%.
L'Arabie saoudite a bien du mal à convaincre la Russie de prolonger l'accord d'encadrement de la production à l'oeuvre depuis le début de l'année et il se pourrait que cette dernière n'accepte qu'une extension de trois mois, selon trois sources proches du dossier.
(Édité par Wilfrid Exbrayat)