par Claude Chendjou
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en repli pour la troisième séance consécutive et Wall Street reculait également en fin de matinée à New York, l'aversion au risque, alimentée par la perspective de la poursuite du resserrement monétaire, ayant dominé les échanges à l'approche des réunions de plusieurs grandes banques centrales.
À Paris, le CAC 40 a fini en baisse de 0,14% à 6.687,79 points. Le Footsie britannique a cédé 0,61% et le Dax allemand a abandonné 0,72%.
L'indice EuroStoxx 50 a reflué de 0,49%, le FTSEurofirst 300 de 0,53% et le Stoxx 600 de 0,58%.
La Réserve fédérale américaine (Fed) va entamer sa réunion de politique monétaire les 13 et 14 décembre avant celle de la Banque centrale européenne prévue le 15 décembre. Auparavant, les investisseurs auront pris connaissance des décisions mercredi de la Banque du Canada, tandis que la Reserve Bank of Australia (RBA) a décidé, elle, mardi de s'en tenir à une politique restrictive en relevant pour le huitième mois consécutif son taux directeur pour le porter à 3,1%, au plus haut depuis dix ans.
Les craintes sur les taux se sont réveillées depuis la publication vendredi du rapport mensuel sur l'emploi américain et celle sur les données de l'activité des services et des commandes à l'industrie aux Etats-Unis lundi.
En zone euro, Philip Lane, le chef économiste de la BCE, a jugé mardi que la banque centrale devra encore relever ses taux à plusieurs reprises, même si le pic d'inflation est proche.
VALEURS EN EUROPE
En Europe, le compartiment de l'énergie (-0,87%), plombé par le reflux du pétrole, a accusé l'une des plus fortes baisses sectorielles avec TotalEnergies (-0,06%), BP (LON:BP) (-1,83%) Shell (AS:SHEL) (-0,71%) ou encore Eni (-1,01%).
Le secteur des nouvelles technologies, dont les valorisations dépendent de l'évolution des taux d'intérêt, a également été délaissé, perdant 1,61%.
Dans l'actualité des entreprises, ADP (EPA:ADP) a reculé de 12,97% après l'annonce de la cession par Royal Schiphol Group de sa participation résiduelle au capital du groupe avec une importante décote.
Deutsche Bank (ETR:DBKGn) a reflué de 0,77% alors que la Commission européenne a notifié à la banque allemande et à Rabobank ses soupçons d'entente sur le marché obligataire.
A WALL STREET
Au moment de la clôture en Europe, le Dow Jones abandonne 0,67%, le Standard & Poor's 500 1,03% et le Nasdaq 1,37%, les trois indices étant à la fois pénalisés par les craintes d'une récession à venir et la perspective d'une remontée du coût du crédit.
Bank of America (NYSE:BAC), en repli de 3,96%, accuse la plus forte baisse du compartiment de la finance (-0,75%) alors que le directeur général de la banque a annoncé que l'économie américaine pourrait enregistrer l'an prochain trois trimestres de contraction. Son homologue chez JPMorgan Chase (NYSE:JPM) anticipe lui aussi une récession qui pourrait être "légère" ou "prononcée".
Concernant les taux d'intérêt, les marchés monétaires tablent avec une probabilité de 91% sur un relèvement du coût du crédit de 50 points de base ce mois-ci aux Etats-Unis et un pic des taux à 5,005% en mai 2023 contre une estimation à 4,92% lundi, selon le baromètre FedWatch.
Aux valeurs, Meta Platforms (NASDAQ:META) chute de 5,64%, le Wall Street Journal ayant rapporté que les autorités de régulation de l'Union européenne ont décidé que Facebook et Instagram ne doivent pas obliger les utilisateurs à accepter des publicités personnalisées en fonction de leur activité numérique, ce qui pourrait limiter l'accès du groupe aux données de ces derniers.
L'ensemble du compartiment technologique sur le S&P cède 1,35%.
LES INDICATEURS DU JOUR
Les commandes à l'industrie en Allemagne ont progressé plus vite que prévu en octobre, de 0,8%, montrent les données de l'Office fédéral de la statistique publiées mardi.
CHANGES
Le dollar, volatil, reflue de 0,2% face à un panier de devises de référence à la clôture des Bourses en Europe, les investisseurs étant partagés entre le risque de récession et la perspective d'un relèvement des taux d'intérêt aux Etats-Unis.
L'euro en profite pour remonter à 1,0506 dollar (+0,14%).
Le dollar australien (+0,16%), lui, est tiré par la décision de la banque centrale du pays de relever ses taux à 3,1%.
TAUX
Les rendements obligataires en Europe ont fini en baisse mardi en réaction aux déclarations de deux responsables de la BCE, Philip Lane et Constantinos Herodotou, selon lesquelles l'inflation et les taux d'intérêt pourraient être proches d'un pic.
Le rendement du Bund allemand à dix ans a cédé 7,5 points de base, à 1,79%, et celui à deux ans six points, à 2,05%.
Aux Etats-Unis, le rendement des Treasuries à dix ans se contracte de cinq points, à 3,54%, et celui à deux ans d'environ deux points, à 4,37%, les craintes d'une récession semblant l'emporter sur les anticipations d'une hausse des taux.
PÉTROLE
Les cours pétroliers sont pénalisés par la force du dollar et les incertitudes économiques: le Brent perd 2,41% à 80,69 dollars le baril et le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) 2,21% à 75,23 dollars après avoir enregistré lundi leur plus forte baisse en séance en deux semaines.
(Rédigé par Claude Chendjou, édité par Kate Entringer)