par Augustin Turpin
(Reuters) - Les Bourses européennes ont terminé en baisse lundi, au terme d'une séance volatile, les rendements obligataires étant repartis en hausse à la suite des commentaires prudents de Philip Lane, chef économiste de la BCE, qui a estimé durant le week-end qu'une réduction trop rapide des taux pourrait alimenter une nouvelle vague d'inflation.
À Paris, le CAC 40 a terminé en baisse de 0,71% à 7.412,32 points. Le Footsie britannique perd 0,45% et le Dax allemand 0,44%.
L'indice EuroStoxx 50 cède 0,51%, le FTSEurofirst 300 0,48% et le Stoxx 600 0,53%.
Après avoir ouvert en territoire positif, les actions européennes ont cherché leur direction au cours d'une séance marquée par l'absence des investisseurs à Wall Street, la Bourse de New York restant fermée pour le Martin Luther King Day.
Les gains initiaux se sont évanouis après environ une heure d'échanges, l'impulsion donnée par les paris sur une réduction des taux d'intérêt américains s'étant épuisée, tandis que les investisseurs digéraient les déclarations de Philip Lane, publiées samedi dans le quotidien italien Il Corriere della Sera.
"Une fausse aube, un recalibrage trop rapide, peut s'avérer autodestructeur", a déclaré Philip Lane, qui estime qu'une réduction trop rapide des taux pourrait alimenter une nouvelle vague d'inflation.
Selon l'outil FedWatch du CME, le marché estime désormais à 77% la probabilité que la banque centrale américaine commence à assouplir ses taux en mars, contre 68% il y a une semaine.
"Il est intéressant de voir que l'un des membres les plus 'dovish' du conseil des gouverneurs n'est pas trop 'dovish'", a déclaré Anders Svendsen, analyste chez Nordea, à propos des commentaires de Philip Lane.
"Le tableau d'ensemble dépendra des chiffres clés à venir et jusqu'à présent, ce que nous avons eu cette année n'a pas été suffisant pour changer fondamentalement la situation", a ajouté Anders Svendsen.
D'autres déclarations attendues cette semaine devraient également influencer la trajectoire des marchés, Christine Lagarde, présidente de la BCE, devant notamment s'exprimer lors du Forum économique mondial de Davos mercredi.
La publication des chiffres définitifs de l'inflation allemande pour le mois de décembre et celle de l'indicateur américain "Empire State", attendus mardi, devraient également apporter de nouvelles indications sur la santé économique en Europe et aux États-Unis.
VALEURS
Dassault Aviation cède 6,16% après des livraisons d'avions plus faibles que prévu. Deutsche Bank (ETR:DBKGn) a en outre abaissé sa recommandation sur le titre.
Atos (EPA:ATOS) plonge de 15,04% en réaction à l'annonce du remaniement de son équipe de direction et du lancement d'un avertissement sur sa trésorerie.
Commerzbank (ETR:CBKG) clôture dans le vert (+0,8%) et Deutsche Bank (-0,9%) dans le rouge alors que des discussions sur un rapprochement entre les deux banques refont surface, selon des sources.
LES INDICATEURS DU JOUR
Le produit intérieur brut (PIB) de l'Allemagne a reculé de 0,3% sur l'ensemble de 2023 dans un contexte d'inflation persistante et de faiblesse de la demande en provenance de l'étranger.
La production industrielle en zone euro, quant à elle, s'est encore contractée en novembre, de 0,3%, avec une baisse marquée des biens durables de consommation.
CHANGES
Le dollar a peu varié lundi, jour férié sur les marchés américains, tandis que la livre sterling a reculé avant une semaine chargée en données économiques au Royaume-Uni.
Le dollar avance (0,2%) face à un panier de devises de référence, tandis que l'euro gagne 0,01% à 1,095 dollar.
TAUX
Les rendements obligataires de la zone euro augmentent en réaction aux propos de Philip Lane.
Le Bund allemand à 10 ans a gagné 5,5 points de base à 2,198%, tandis que celui du taux à deux ans a gagné 7,4 pb à 2,589%.
PÉTROLE
Les prix du pétrole ont perdu plus de 1% lundi, l'impact limité du conflit au Proche-Orient sur la production de brut ayant entraîné des prises de bénéfices la semaine dernière, après une hausse de plus de 2% des indices pétroliers.
Le Brent abandonne 0,47% à 77,92 dollars le baril, le brut léger américain (West Texas Intermediate, WTI) perdant 0,59% à 72,25 dollars.
"Comme le conflit au Moyen-Orient n'affecte pas actuellement la production de pétrole, la prime de risque géopolitique intégrée dans les prix du pétrole semble désormais modeste si l'on se base sur la volatilité implicite des options", ont déclaré les analystes de Goldman Sachs (NYSE:GS) dans une note.
(Certaines données peuvent accuser un léger décalage)
(Rédigé par Augustin Turpin, édité par Sophie Louet)