par Marc Angrand
PARIS (Reuters) - Les Bourses européennes sont en nette hausse à mi-séance vendredi, la formation d'un gouvernement en Italie ayant ravivé l'appétit pour le risque en cette première séance du mois de juin, éclipsant les tensions commerciales et la censure du gouvernement espagnol.
Wall Street est pour l'instant attendue dans le vert mais la tendance à l'ouverture pourrait être influencée par les chiffres mensuels de l'emploi aux Etats-Unis, qui seront publiés une heure avant la cloche.
À Paris, le CAC 40 gagne 1,22% à 5.464,48 points vers 10h40 GMT. À Francfort, le Dax prend 0,93 % et à Londres, le FTSE 100 avance de 0,67%. L'indice paneuropéen FTSEurofirst 300 est en hausse de 0,96%, l'EuroStoxx 50 de la zone euro de 1,39% et le Stoxx 600 de 0,97%.
La Bourse de Milan, qui a chuté de 9,15% sur l'ensemble du mois de mai en raison de la crise politique, progresse de 2,6%, sa plus forte hausse depuis début février, après la formation d'un gouvernement de coalition Ligue-Mouvement 5 Etoiles (M5S) qui doit prêter serment à 14h00 GMT.
Ce qui écarte ainsi le risque de la convocation de nouvelles législatives, qui aurait entretenu l'instabilité sans forcément répondre aux préoccupations des investisseurs.
"Du point de vue des marchés financiers, nous pensons que le gouvernement qui entrera en fonction aujourd'hui est probablement légèrement meilleur que celui refusé la semaine dernière par le président Mattarella", commente Barclays (LON:BARC).
"La décision de nommer un ministre des Finances modéré devrait contribuer à apaiser les craintes des marchés sur le risque d'une déstabilisation à très court terme des relations entre l'Italie et l'Europe. Mais nous ne nous attendons pas à ce que la prime de risque qui s'est accumulée récemment disparaisse complètement."
De fait, si le rendement de l'emprunt d'Etat italien à dix ans revient non loin de 2,5%, il reste nettement supérieur à son niveau d'il y a un mois, sous 1,8%. De même, le deux ans, qui avoisinait -0,17% début mai, a fortement diminué depuis mardi mais s'affiche encore à 0,75%.
En Espagne, l'indice Ibex de la Bourse de Madrid prend 1,85% après l'adoption sans surprise par le Parlement de la motion de censure déposée contre Mariano Rajoy, qui permet au socialiste Pedro Sanchez de lui succéder au poste de président du gouvernement.
Sur le marché des changes, l'euro est en hausse face au dollar à 1,1709 et s'achemine vers sa première performance hebdomadaire positive contre le billet vert après six semaines de recul d'affilée.
DEUTSCHE BANK REGAGNE DU TERRAIN, DIALOG SEMI CHUTE, ELIOR MONTE
Le billet vert cède un peu de terrain face à un panier de devises de référence à moins de deux heures de la publication des chiffres mensuels du département du Travail. Le consensus Reuters table sur une reprise des créations d'emploi à 188.000 en mai après 164.000 en avril, sur une stabilité du taux de chômage à 3,9% et sur une accélération de la hausse des salaires à 0,2% d'un mois sur l'autre et 2,7% sur un an.
L'actualité politique européenne et l'agenda macroéconomique américain éclipsent très largement les préoccupations liées à l'entrée en vigueur ce vendredi des sanctions commerciales décidées par Washington contre l'acier et l'aluminium importés aux Etats-Unis, qui devrait entraîner des représailles, notamment de la part de l'Union européenne.
Ces tensions pourraient accentuer la tendance au ralentissement de la croissance de l'activité manufacturière en Europe, qu'ont confirmé sans surprise les indices PMI manufacturiers définitifs de mai.
Les valeurs sidérurgiques, les plus exposées pour l'instant aux sanctions américaines, profitent néanmoins de la tendance générale à la hausse: ArcelorMittal (AS:MT) gagne 1,64%, ThyssenKrupp (DE:TKAG) 1,55%, Aperam (AS:APAM) 2,32%.
Les banques italiennes trustent le palmarès des plus fortes hausses du Stoxx 600: BPER Banca bondit de 10,36%, Banco BPM de 8,13%, UBI Banca de 7,03% et UniCredit de 5,58%.
A Paris, Crédit agricole (PA:CAGR) (+3,58%) et Axa (PA:AXAF) (+2,86%) sont en tête du CAC.
Deutsche Bank (DE:DBKGn) reprend de son côté 3,76% au lendemain d'une chute de plus de 7% et d'un plus bas historique de clôture. Le groupe a réaffirmé que sa solidité financière n'était pas remise en cause après la décision de Standard & Poor's d'abaisser sa note de A- à BBB+.
Plus forte hausse du SBF 120 parisien, Elior (PA:ELIOR) profite d'une recommandation positive de Credit Suisse.
A la baisse, Dialog Semiconductor chute de 17,14% après avoir averti sur son chiffre d'affaires annuel en raison d'une baisse des commandes d'Apple (NASDAQ:AAPL), son premier client.
Dans son sillage, AMS cède 0,42% tandis que STMicroelectronics (PA:STM) grappille 0,25%.
Sur le marché pétrolier, les cours du brut évoluent dans une fourchette étroite, autour de 77,50 dollars le baril pour le Brent, mais ils s'acheminent vers une deuxième semaine consécutive de repli après l'annonce d'un nouveau record de la production américaine, désormais proche de celle de la Russie.
(Édité par Wilfrid Exbrayat)