Les Suisses appelés aux urnes ont rejeté dimanche la réforme de la retraite voulue par leur gouvernement qui prévoyait un an de travail supplémentaire pour les femmes et des cotisations plus élevées.
En conséquence des résultats définitifs de cette votation, organisée conformément au système de démocratie directe en vigueur en Suisse, les cotisations retraites ne devraient pas augmenter, et les femmes ne seront pas obligées de travailler jusqu'à 65 ans pour toucher une retraite à taux plein.
Selon le système actuel en vigueur en Suisse, l'âge légal de la retraite pour les hommes est de 65 ans et pour les femmes de 64 ans. Le différentiel entre les deux s'explique par le fait qu'en Suisse les femmes sont généralement moins bien payées que les hommes et qu'en conséquence elles peuvent partir en retraite à taux plein un an avant les hommes.
Le résultat de ce vote qui s'annonçait très serré est un revers pour le gouvernement, et notamment pour le ministre de la Santé, Alain Berset (socialiste), qui a élaboré cette réforme depuis plusieurs années.
Au final, le projet de réforme a été rejeté à 52,7% des votants, et son financement via un relèvement de la TVA par la majorité des cantons suisses.
Les Suisses ont en revanche plébiscité le vote sur la question de la sécurité alimentaire, qui faisait également partie des sujets à l'ordre du jour des votations de dimanche.
Il s'agissait concrètement d'inscrire la sécurité alimentaire dans la constitution suisse, à la demande du monde agricole, qui voulait sécuriser ainsi sa filière.
- Une réforme inévitable -
La réforme de la retraite, elle, était surtout soutenue par les socialistes et les centristes.
En revanche, elle était combattue par les libéraux et la droite, ainsi que par la gauche, mais pas pour les mêmes raisons.
Les premiers estimaient qu'elle coûtait trop cher aux finances publiques et les seconds qu'elle était injuste pour les femmes, obligées de travailler un an de plus.
Si les femmes suisses ont dit non à l'augmentation de l'âge de leur retraite, c'est qu'elles refusent de faire ce sacrifice sans compensation, a réagi dimanche Tamara Funiciello, présidente de la JSS (jeunesse socialiste suisse).
En outre, la politicienne estime qu'à "l'ère de la numérisation, il ne fait pas sens d'augmenter le temps de travail de la moitié de la population" et il serait plus "logique de baisser l'âge de la retraite".
Pour sa part, l'Association suisse des institutions de prévoyance (ASIP) estime que la Suisse n'échappera pas à une réforme de son système de retraite, et qu'il faut tout de suite remettre un nouveau projet sur les rails.
Selon le Parti suisse du Travail (gauche), qui s'est déclaré "ravi" par ce refus de la population, cette réforme avait "un prix trop important à payer par les travailleuses et travailleurs en Suisse".
Le parti milite pour une retraite minimum de 4.000 CHF (3.450 euros) par mois d'ici 10 ans, avec la fusion des retraites de base et complémentaire.
De son côté, l'organisation économique USAM (Union suisse des arts et métiers), qui s'est également félicitée de ce "non" aux "utopies de la gauche en matière d'assurances sociales", il sera cependant, "inévitable, à plus ou moins long terme, de relever progressivement l'âge de la retraite".