Investing.com – L’aversion au risque est le thème dominant sur les marchés financiers en ce début de semaine, alors que la guerre en Ukraine s’enlise et que les sanctions internationales contre la Russie s’accumulent.
En effet, la possibilité d’un embargo européen et américain sur le pétrole et le gaz russe inquiète le marqué après que cette possibilité ait été évoquée dimanche.
"Nous discutons actuellement avec nos partenaires et alliés européens pour examiner de manière coordonnée la perspective d'interdire l'importation de pétrole russe tout en veillant à ce qu'il y ait toujours un approvisionnement approprié en pétrole sur les marchés mondiaux", a en effet déclaré le secrétaire d'État Antony Blinken dans une interview dimanche. "C'est une discussion très active en ce moment même", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi, a déclaré que la Chambre "étudie une législation forte qui isolera davantage la Russie de l'économie mondiale", notamment une interdiction des importations de pétrole et des mesures visant à "refuser à la Russie l'accès à l'Organisation mondiale du commerce".
Face à cette perspective, le pétrole a rejoint un sommet de 13 ans à plus de 130$ pour le Brent. Mais au-delà de l’impact direct sur le prix de l’or noir, un retrait total des approvisionnements russes en hydrocarbures du marché mondial pourrait avoir de lourdes conséquences économiques.
Quelles conséquences en cas de retrait du pétrole et du gaz russes du marché ?
A ce propos, on notera que les analystes de JP Morgan ont estimé dans une note d’analyse publiée ce weekend que ″Les conséquences d'un arrêt complet des 4,3 (millions de barils par jour) d'exportations de pétrole de la Russie vers les États-Unis et l'Europe seraient dramatiques,″ ajoutant que "dans la mesure où ce désengagement prend de la vitesse, l'ampleur et la durée de la perturbation - et donc le choc sur la croissance mondiale - s'accumuleront."
Et bien que JPM ait cité l’Europe et les Etats-Unis dans le même sac, il faut noter que les conséquences seraient sans doute bien pires pour le Vieux Continent.
Pour illustrer cela, on notera que Barclays (LON:BARC) a revu à la baisse ses prévisions de croissance pour l'Europe cette année, à 3,5 % contre 4,1 % le mois dernier.
"La flambée des prix des matières premières et l'aversion au risque sur les marchés financiers sont les principaux canaux de contagion, ce qui implique un choc stagflationniste mondial, l'Europe étant la région la plus exposée", a déclaré la banque d'investissement.
JPMorgan (NYSE:JPM) a de son côté abaissé sa prévision de près de 1%, prévoyant une croissance de seulement 3,2 %.
En ce qui concerne la Russie, les analystes JPMorgan prévoient une baisse de 12,5 % du PIB cette année, tandis que l'Institute for International Finance prévoit une contraction de 15 %, soit le double de la baisse enregistrée lors de la crise financière mondiale. "Nous considérons que les risques sont orientés à la baisse. La Russie ne sera plus jamais la même", a écrit Robin Brooks, économiste en chef de l'IIF, cité par CNBC.