par John Irish
NEW YORK (Reuters) - La France a entrepris lundi de convaincre les autres membres permanents du Conseil de sécurité de l'Onu de la pertinence de son initiative de paix pour la Syrie, un groupe de contact censé mettre un terme à plus de six ans d'impasse, en agitant la menace d'une "fragmentation" mortifère du pays.
Le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, a annoncé en marge de la 72e Assemblée générale de l'Onu qu'il se réunirait jeudi avec ses homologues américain, russe, britannique et chinois pour discuter de ce groupe aux contours encore flous.
La France, sous l'impulsion d'Emmanuel Macron, attendu lundi après-midi à New York, tente de reprendre la main sur le dossier syrien avec l'ambition de trouver "avec l'ensemble des acteurs" un calendrier de transition politique avec une nouvelle Constitution et des élections.
Il reste à décider du format de ce groupe, notamment de l'opportunité d'y intégrer l'Iran, soutien de Bachar al Assad, un scénario inenvisageable pour l'administration de Donald Trump.
Et à convaincre la Russie, autre appui du régime de Damas, qui s'active en parallèle à consolider un processus de "désescalade" qu'elle a lancé en mai avec la Turquie et Téhéran via les négociations d'Astana (Kazakhstan).
Jean-Yves Le Drian a redit lundi à des journalistes que Paris entendait enrôler les membres permanents du Conseil de sécurité "et les Etats de la région concernés par cette situation", sans plus de détails.
"DU MUSCLE"
"Le risque le plus important, c'est que l'avenir de la Syrie soit déterminé par les positions militaires des uns et des autres, ce qui aboutira à un moment donné à deux conséquences : d'abord la fragmentation d'un Etat, et ça attisera d'autres formes de radicalisme qui succéderaient à Daech", a-t-il plaidé.
Pour le ministre français, la communauté internationale doit relancer les négociations de paix de Genève en sortant "des chemins qui n'ont pas permis depuis 2011 d'aboutir à une solution."
"C'est pour cette raison que la France souhaite qu'il y ait un groupe de contact qui se mette en oeuvre avec comme socle les membres permanents du Conseil de sécurité", a-t-il précisé.
La précédente initiative internationale de ce type, le Groupe international de soutien à la Syrie (GISS) lancé en 2015, s'est soldée par un échec après qu'un cessez-le-feu eut volé en éclats à Alep la même année.
Ce groupe est coprésidé par les Etats-Unis et la Russie et comprend notamment l'Iran, l'Arabie saoudite et les pays européens.
"Le GISS, c'est énorme. Ce qu'il nous faut, c'est du muscle et du nerf pour impulser quelque chose", souligne un haut diplomate de l'Onu. "Nous devons être créatifs pour trouver les moyens d'inclure l'Iran dans l'équation sans bloquer l'ensemble du processus".
"Souvenez-vous de la Bosnie, en 1993 : on était dans le pétrin, personne ne trouvait le moyen d'enclencher un processus vertueux. La création d'un groupe de contact a permis d'ouvrir la porte", explique-t-il.
Ce groupe de contact avait été créé en avril 1994 pour résoudre le conflit en Bosnie-Herzégovine. Il se composait des membres permanents du Conseil de sécurité, moins la Chine.
(édité par Sophie Louet)