par Pete Sweeney et Samuel Shen
SHANGHAI (Reuters) - Les marchés chinois ont encore chuté mardi de plus de 7% et clôturé au plus bas depuis décembre dernier, la vague de panique s'accélérant après que l'indice composite de la Bourse de Shanghai a enfoncé le support des 3.000 points.
Faute de nouvelle réaction de soutien de la part des autorités de Pékin, les investisseurs ont continué de se délester de leurs titres au lendemain d'un "lundi noir" qui s'est propagé de la Bourse de Shanghai aux autres principales places financières de la planète.
L'indice composite de la Bourse de Shanghai a chuté de 7,63%, cédant 244,76 points pour clôturer à 2.965,15 points, son plus bas niveau depuis décembre 2014.
L'indice CSI300 des principales entreprises cotées à Shanghai et Shenzhen a quant à lui abandonné 7,1%, soit 232,61 points, et terminé à 3.042,93 points, également son plus bas niveau depuis décembre 2014.
La totalité des futures sur indices ont plongé de 10%, atteignant la limite autorisée de fluctuation pour le deuxième jour consécutif, ce qui augure de sombres séances dans les jours prochains.
Les principaux indices des marchés chinois accusent un recul d'environ 20% depuis le début du mois et, sauf rebond marqué dans les jours prochains, s'orientent vers leur pire performance mensuelle en six ans.
SILENCE DE PÉKIN
Les autorités chinoises sont restées muettes, alors que les investisseurs espéraient une réaction rapide et de nouvelles mesures de soutien aux marchés. L'absence d'éditoriaux à la tonalité rassurante dans les journaux officiels laisse à penser que Pékin n'a pas l'intention d'intervenir pour soutenir les cours.
La Bourse de Tokyo a elle aussi clôturé mardi en net recul. L'indice Nikkei a fini une séance particulièrement volatile en recul de près de 4%.
Le Topix, plus large, a cédé 3,26% et la valeur totale des actions de cet indice ayant été échangées au cours de la séance a atteint un pic depuis novembre dernier.
Si la glissade s'est poursuivie en Chine et à Tokyo, les autres grandes places financières asiatiques sont repassées dans le vert, imitées ensuite par les Bourses européennes.
La Bourse de Hong Kong a grappillé 0,72%, celle de Taiwan a bondi de 3,58%, tandis qu'à Séoul et Singapour, les marchés ont terminé sur des gains de 0,92% et 1,41%, respectivement.
Vers 10h15, le rebond est également manifeste en Europe. L'indice CAC 40 à Paris, le DAX à Francfort et le FTSE à Londres affichant des hausses comprises entre 2,4% et 3,1%.
"Il semble y avoir des ordres de rachat sur de nombreux marchés après le mouvement de ventes de panique de ces derniers jours. Même les actions d'entreprises qui n'avaient que peu de relations d'affaires avec la Chine étaient à la vente", explique Yukino Yamada, stratégiste senior chez Daiwa Securities.
Dans une note, la banque américaine d'investissement Goldman Sachs estime que la chute des cours des matières premières observée sur l'année écoulée de même que les faiblesses récentes de l'économie et de la monnaie en Chine et sur d'autres marchés émergents ne feront pas basculer l'économie mondiale dans la récession.
BULLE CHINOISE
"La panique en cours est pour l'essentiel 'made in China'. Les dernières statistiques sur les autres économies majeures ont été généralement bonnes et il n'y a pas grand chose pour justifier la crainte d'un ralentissement mondial majeur", écrivent pour leur part les économistes de Capital Economics.
"Les dernières données macroéconomiques en Chine suggèrent que la croissance reste léthargique, mais elles ne sont pas faibles au point de justifier les craintes d'un atterrissage brutal", ajoutent-ils.
Réagissant au mouvement de panique boursier lié au ralentissement de l'économie chinoise, François Hollande et Angela Merkel ont pour leur part estimé lundi que la Chine avait la capacité de stabiliser son économie.
"J'espère que les autorités chinoises vont prendre des mesures appropriées pour stabiliser l'économie, qui a un fort impact sur la croissance mondiale", a déclaré pour sa part mardi le ministre japonais des Finances, Taro Aso.
Son homologue chargé de l'Economie, Akira Amari, a expliqué qu'une bulle s'était formée sur les marchés d'actions chinois et qu'on assistait à un ajustement prévisible des cours qui, a-t-il rappelé, ont plus que doublé entre décembre et mai. Le raffermissement du yen démontre que les investisseurs jugent que les fondements de l'économie japonaise sont solides, a-t-il ajouté.
(avec Leika Kihara et Hideyuki Sano à Tokyo; Henri-Pierre André et Myriam Rivet pour le service français, édité par Patrick Vignal)