Les prix de l'essence ont atteint un nouveau sommet en France, subissant le double contrecoup de l'accès de faiblesse de l'euro par rapport au dollar et des craintes concernant la production d'or noir en Iran et au Nigeria.
Le prix moyen du litre de super sans plomb 95 a atteint vendredi 1,5563 euro, tandis que le super sans plomb 98 s'est hissé à 1,5954 euro, d'après les relevés hebdomadaires publiés lundi sur le site du ministère du Développement durable.
Ces prix, compilés par la Direction générale de l'énergie à partir de données fournies par les détaillants, sont supérieurs à ceux de mai 2011, lorsque le SP95 et le SP98 coûtaient respectivement 1,5492 et 1,5861 euro le litre.
Le gazole n'est plus qu'à trois centimes de son record de mai 2008 (à 1,4541 euro le litre) : il s'affichait vendredi à 1,4240 euro.
A noter qu'il s'agit de prix moyens, les tarifs pratiqués dans de nombreuses stations battant allègrement ces niveaux, comme les conducteurs peuvent le constater sur le site gouvernemental http://www.prix-carburants.gouv.fr/.
Cette envolée frappe de plein fouet les automobilistes français, déjà lourdement mis à contribution en 2011, lorsque les prix à la pompe avaient touché des niveaux jamais vus en moyenne annuelle. Une nouvelle dont le gouvernement se serait sans doute bien passé, en pleine déprime économique et à cent jours de l'élection présidentielle.
Dans ce contexte, le ministre des Finances François Baroin a indiqué sur M6 qu'il "ne proposerai(t) pas au président de la République d'augmenter la TIPP (taxe intérieure sur les produits pétroliers, ndlr) dans le cadre du nouveau financement de la protection sociale".
- double contrecoup -
Selon l'Union française des industries pétrolières (Ufip), cette envolée résulte d'un double contrecoup. D'une part les craintes concernant la production pétrolière en Iran et d'autre part les tensions au Nigeria soutiennent les cours du pétrole brut à des niveaux très élevés.
Ainsi, le cours du baril de Brent échangé à Londres a atteint jeudi un sommet depuis deux mois, à plus de 115 dollars.
D'autre part, l'accès de faiblesse de l'euro (qui est tombé vendredi à ses plus bas niveaux depuis un an et demi par rapport au dollar), est venu depuis la fin 2011 alourdir le coût de l'or noir importé en France, une fois son prix converti dans la monnaie unique.
"L'explication, c'est le prix très élevé des prix du brut, qui coïncide malheureusement avec une faiblesse marquée de l'euro", a expliqué à l'AFP le président de l'Ufip, Jean-Louis Schilansky.
"La faiblesse de l'euro est une bonne chose pour les exportations, mais pas pour les importations de produits libellés en dollars, comme les produits pétroliers", souligne-t-il.
Les consommateurs payent ainsi indirectement les conséquences de la crise de la dette, principale cause de l'affaiblissement de la monnaie unique, alors que l'euro jouait auparavant un rôle d'amortisseur en cas d'envolée des cours du brut.
Mais paradoxalement, malgré des prix des carburants toujours plus élevés, le secteur du raffinage reste plongé dans une crise profonde en France et en Europe, comme l'a démontré la mise en arrêt au début du mois de la raffinerie Petroplus de Petit-Couronne (Seine-Maritime) et celle de LyondellBasell à Berre-l'Etang (Bouches-du-Rhône).
C'est lié au fait que les raffineries du Vieux Continent sont aujourd'hui surdimensionnées au regard de la consommation de produits pétroliers, qui ne cesse de diminuer, et le renchérissement des prix des carburants ne risque pas d'arranger la donne.