par Sophie Yu et Brenda Goh
PEKIN/SHANGHAI (Reuters) - Le moyen-courrier C919, conçu et construit par la Chine pour rivaliser avec Airbus (EPA:AIR) et Boeing (NYSE:BA), a réalisé dimanche son premier vol commercial entre Shanghai et Pékin.
Ce monocouloir, que l'avionneur public Comac (Commercial Aviation Corp of China) a commencé à développer il y a quinze ans, se pose en concurrent de l'Airbus A320neo et du 737 MAX de Boeing .
Le président Xi Jinping a dépeint le projet comme un triomphe de l'innovation chinoise.
"Après des générations d'efforts, nous avons enfin brisé le monopole aéronautique de l'Occident et nous nous sommes débarrassés de l'humiliation de '800 millions de chemises pour un Boeing'," a proclamé le Beijing Daily, par allusion à l'époque où, il y a une quarantaine d'années, la Chine produisait principalement des biens de faible valeur ajoutée.
Le C919 a décollé à 10h32 (0232 GMT) de l'aéroport international de Shanghai-Hongqiao, où la COMAC et la China Eastern Airlines, qui affrétait ce vol, ont leur siège. L'avion, avec quelque 130 passagers à bord, s'est posé deux heures plus tard à l'aéroport de Pékin.
Le vol inaugural du C919 a eu lieu en 2017 après des années de retard sur le programme et l'appareil a effectué depuis de nombreux autres vols d'essai.
Bien qu'assemblé en Chine, l'avion est constitué de nombreux éléments de fabrication occidentale, notamment pour ses moteurs et l'électronique, produits par des groupes comme les américains General Electric (NYSE:GE) et Honeywell (NASDAQ:HON) International ou le français Safran (EPA:SAF).
La China Eastern Airlines, compagnie publique, a commandé cinq exemplaires en mars 2021. Au total, la Comac dit avoir reçu plus d'un millier de commandes de la part d'une trentaine de clients.
La plupart de ces commandes sont des lettres d'intention émises par des clients chinois, note Li Hanming, expert du secteur. "Pour le C919, le marché intérieur est suffisamment grand", relève-t-il.
L'avionneur espère atteindre une production annuelle de 150 appareils d'ici cinq ans, selon les médias chinois.
Le C919 n'a pas été certifié par les autorités de l'aviation civile aux Etats-Unis ou en Europe. "Tant que cela n'aura pas lieu, les principaux marchés internationaux lui seront fermés", note Greg Waldron, directeur pour l'Asie de la publication spécialisée FlightGlobal.
Les pays en développement pourraient toutefois être un débouché pour le C919, dont le prédécesseur, l'ARJ21, un court-courrier de 90 places, commercialisé depuis 2016, est utilisé par les grandes compagnies aériennes chinoises mais aussi en Indonésie, par la compagnie TransNusa.
La Comac développe également un appareil à fuselage large, le CR929, en collaboration avec la Russie.
(version française Jean-Stéphane Brosse)