par Gilles Guillaume
PARIS (Reuters) - Renault (EPA:RENA) a fait état mardi d'un chiffre d'affaires en hausse de 1,8% au premier trimestre, la bonne performance de ses activités de financement compensant une légère baisse des revenus de son coeur de métier automobile dans un contexte marqué à nouveau par une guerre des prix sur l'électrique.
Le groupe au losange a réalisé sur les trois premiers mois de l'année un chiffre d'affaires de 11,707 milliards d'euros, au plus haut depuis la période identique de 2019, tandis que le chiffre d'affaires de l'automobile a baissé de 0,7% sous l'effet de la dévaluation du peso argentin, du succès de modèles à prix plus abordable et d'un déstockage de concessionnaires après le rebond de la production enregistré lors du retour à la normale des approvisionnements en composants.
L'activité de financement de Renault, Mobilize Financial Services, a quant à elle vu son chiffre d'affaires augmenter de 27,9% au premier trimestre grâce notamment à l'impact positif pour l'activité bancaire de la hausse des taux d'intérêt.
Les ventes en volume du constructeur français, qui ont renoué l'an dernier avec la croissance après quatre années de baisse d'affilée, ont à nouveau augmenté de 2,6% à 549.099 véhicules. Le groupe compte sur une accélération de ses volumes en 2024 grâce à pas moins de dix nouveaux lancements, dont la très attendue R5 électrique.
Ce modèle devrait contribuer à redresser le poids de l'électrique dans les ventes européennes de la marque Renault, qui s'est tassé au premier trimestre à 10,5%.
Selon un consensus fourni par la société, 18 analystes anticipaient un chiffre d'affaires en légère baisse (-0,1%) à 11,486 milliards et, selon la médiane de leurs estimations, une baisse moyenne de 1,2% du chiffre d'affaires automobile.
Malgré cela, l'action Renault perd 0,93% vers 10h45. A la clôture de lundi, le titre avait gagné près de 29% depuis le début de l'année.
ETRE COMPETITIF SUR LES PRIX SANS TOUCHER AUX MARGES
Comme l'an dernier à pareille époque, Renault a publié ses chiffres de ventes du premier trimestre quelques jours seulement après l'annonce d'une nouvelle baisse drastique des prix de Tesla (NASDAQ:TSLA) sur plusieurs marchés mondiaux.
En France, le constructeur californien a réduit de 3.000 euros le prix de la première version de sa berline Model 3, le ramenant à 39.990 euros.
C'est exactement le tarif de départ - hors aide publique de 4.000 euros - du nouveau Scenic électrique de Renault mais pour une version du modèle affichant une autonomie inférieure au Model 3. Pour une version à plus grande autonomie que la Tesla, il faut désormais débourser 3.000 euros de plus, bonus déduit.
En avril 2023, alors que le Scenic n'avait pas encore rejoint la Mégane au catalogue, le directeur général de la marque Renault, qui représente les deux-tiers des ventes du groupe, avait souligné que la pression tarifaire de Tesla constituait clairement un "challenge".
Mais le groupe a toujours refusé de s'engager dans une guerre des prix aux antipodes d'une stratégie de rentabilité au coeur de son plan de redressement.
"On reste sur une politique de stabilité des prix (...), on se tient à ce qu'a été la recette de l'amélioration des résultats sur les dernières années", a répété le directeur financier, Thierry Piéton, au cours d'une téléconférence de presse, ajoutant que le levier privilégié restait la réduction des coûts.
"Pour les modèles qui représentent pour nous un fort volume, maintenir la compétitivité est clé, donc nous allons continuer à le faire quand nous en avons l'opportunité, rendre une portion de la productivité aux clients, tout en améliorant nos marges", a-t-il poursuivi, cette fois lors d'une téléconférence avec les analystes.
Renault a ainsi réduit le prix d'entrée de la Mégane en début d'année et baissé également les tarifs des nouvelles générations de Clio, Captur et Espace par rapport à leurs générations précédentes.
Le groupe, dont l'ambition est de rejoindre à la fin de la décennie le club des constructeurs aux marges à deux chiffres, comme Stellantis, a affiché l'an dernier une marge opérationnelle record de 7,9%, contre 5,5% en 2022 et 2,8% en 2021. Il table toujours en 2024 sur une marge supérieure ou égale à 7,5%.
(Reportage Gilles Guillaume, avec Nick Carey à Londres, édité par Blandine Hénault)