PARIS (Reuters) - Après une fin d'année 2014 offensive de la part du patronat contre plusieurs décisions gouvernementales, le président du Medef a adopté mardi un ton nettement plus conciliant lors de sa première conférence de presse de 2015.
Pierre Gattaz a ainsi salué la décision du gouvernement de confier à un député et un patron, Christophe Sirugue et Gérard Huot, une mission sur la simplification du compte de prévention de la pénibilité, jugé par le patronat inapplicable en l'état, notamment dans les petites entreprises.
"Nous avons été entendus par le gouvernement et par le président de la République", a-t-il estimé. "Le problème n'a pas été résolu. Il a été pris en compte. A nous de travailler avec cette mission pour améliorer ce dispositif."
Il a aussi salué la mission confiée à une députée socialiste sur les articles de la loi sur l'économie sociale et solidaire qui imposent aux chefs d'entreprises d'informer en amont leurs salariés de toute cession, sous peine de voir celle-ci annulée.
Pierre Gattaz s'est par ailleurs réjoui de ce qu'un projet d'ordonnance clarifie les modalités d'application de la durée minimale des contrats de travail à temps partiel, fixée à 24 heures hebdomadaires depuis le 1er Juillet 2014.
Il s'est dit "très déterminé" à faire aboutir la négociation sur la modernisation du dialogue social, que le patronat et les syndicats tenteront de boucler jeudi.
"Je préfèrerais 1.000 fois qu'on trouve un accord plutôt que laisser faire le législateur", a-t-il dit. "Mais je ne signerai pas un accord à n'importe quel prix, surtout vis-à-vis de nos TPE (très petites entreprises)."
Medef et Union professionnelle artisanale (UPA) proposent, pour les sociétés d'au moins 11 salariés, de fusionner au sein d'un conseil d'entreprise les instances représentatives du personnel (IRP) existantes.
LIGNES ROUGES
Ces deux organisations proposent aussi une représentation extérieure du personnel des entreprises de moins de 11 salariés par des comités paritaires régionaux interprofessionnels, ce à quoi la CGPME s'oppose catégoriquement.
Pierre Gattaz a cependant précisé à ce propos que le Medef avait deux lignes rouges "infranchissables" : pas question que ces comités "s'ingèrent" dans les TPE, ni qu'ils impliquent pour elles des coûts et des contraintes supplémentaires.
Medef, UPA, CFDT, CFTC et CFE-CGC semblaient vendredi s'acheminer vers un compromis, sans la CGT et Force ouvrière côté syndical, ni la CGPME côté patronal.
Mais ces cinq organisations ne sont pas parvenues à faire sauter les derniers "points durs", malgré une ultime nuit de négociation qui s'est achevée samedi à l'aube.
"On était vendredi vers minuit pas très loin d'un accord. Après, ça a divergé, malheureusement", a confirmé Pierre Gattaz.
"Je préfèrerais 1.000 fois que la CGPME signe avec nous", a-t-il ajouté. Il a cependant fait valoir que la CGPME n'avait pas "le monopole de la représentation des PME et des TPE."
Lors de ses voeux aux acteurs de l'entreprise et de l'emploi, François Hollande a mis lundi la pression sur les partenaires sociaux pour qu'ils s'entendent.
"Un échec aurait des conséquences qui iraient bien au-delà de cette seule réforme", a dit le chef de l'Etat.
Pierre Gattaz s'est dit "parfaitement d'accord" avec ce message. "Que le gouvernement prenne la main ou que rien ne se passe en cas d'échec, ce n'est pas bon pour le pays."
Le président du Medef a enfin jugé que le projet de loi du ministre de l'Economie Emmanuel Macron sur la croissance et l'activité, en cours d'examen à l'Assemblée nationale, allait dans le "bon sens", même s'il restait, selon lui, très loin du compte concernant l'autorisation du travail dominical.
(Emmanuel Jarry, édité par Yves Clarisse)