par Elizabeth Pineau
PARIS (Reuters) - François Hollande a invoqué mercredi "l'esprit de résistance" face aux menaces de résurgence des "haines" d'hier, actualisant le message de quatre héros de la lutte contre l'Allemagne nazie, dont deux femmes, accueillis au Panthéon.
Célébrant "le courage" de Germaine Tillion, Geneviève de Gaulle-Anthonioz, Pierre Brossolette et Jean Zay, le président a défendu une République de l'engagement, de l'intégration, de la jeunesse, qui prépare l'avenir.
"L'Histoire n'est pas une nostalgie, elle est ce que nous en ferons, elle est notre avenir", a dit le chef de l'Etat.
Dans un discours annoncé par son entourage comme l'un des plus importants de son quinquennat, construit autour de la devise nationale "liberté, égalité, fraternité", il a fait un pont entre les "haines" d'hier et la France descendue dans la rue le 11 janvier dernier après les attentats islamistes.
"C'est pour conjurer cette résurgence funeste que les Français se sont levés", a-t-il dit.
Devant les cercueils des quatre héros, le président a invoqué "l'esprit de la Résistance, l'esprit de résistance."
"Face à l'humiliation, à l'occupation, à la soumission, ils ont apporté la même réponse : ils ont dit 'non', tout de suite, fermement, calmement."
"DEVOIR DE RÉSISTANCE"
Confrontée à l'indifférence, au racisme, à l'antisémitisme, "chaque génération à un devoir d'ingérence, de résistance", a-t-il insisté, ajoutant que d'autres héros de la Résistance, à laquelle ont participé "communistes, gaullistes, socialistes, radicaux et même royalistes", auraient pu être célébrés.
Annoncé l'an dernier, le choix des quatre nouveaux "panthéonisés" avait couronné une réflexion nourrie par un rapport qui préconisait notamment l'entrée de femmes au Panthéon, où seule Marie Curie était jusqu'ici honorée en son nom propre, parmi 71 "grands hommes".
Décédée en 2008 à l'âge de 100 ans, Germaine Tillion a été déportée fin 1943 au camp de Ravensbrück. Ethnologue de formation, elle aida des prisonniers à s'évader et s'engagea aussi pendant la guerre d'Algérie.
Aujourd'hui, Germaine Tillion se battrait contre la secte Boko Haram, pour les chrétiens d'Orient et elle s'inquiéterait du sort des migrants en Méditerranée, a dit François Hollande.
Geneviève de Gaulle-Anthonioz (1920-2002), nièce du général, fut elle aussi déportée à Ravensbrück pour faits de résistance. Elle présida ensuite, de 1964 à 1998, l'organisation en faveur des plus démunis ATD Quart-Monde.
Autre "panthéonisé", Jean Zay fut ministre de l'Education nationale du gouvernement du Front populaire, assassiné par des miliciens en juin 1944. François Hollande a salué son combat pour une République "parlementaire", "laïque", "sociale".
Journaliste et homme politique, Pierre Brossolette a rejoint le général de Gaulle à Londres en 1942. Arrêté deux ans plus tard, torturé, il est mort en se défenestrant, faisant le choix de "mourir pour la liberté", a dit le chef de l'Etat.
Symboliquement transportés dans les rues de Paris mardi, les quatre cercueils sont entrés au Panthéon après le discours de François Hollande, tandis que résonnait le Chant de partisans.
(Edité par Yves Clarisse)