La Finlande a annoncé vendredi avoir renoué avec la croissance au deuxième trimestre, donnant une bouffée d'air au moins temporaire à une économie souffreteuse depuis près de quatre ans.
L'institut statistique national a surpris en annonçant une croissance de 0,2%, tranchant avec une première estimation d'un recul de 0,4% du produit intérieur brut.
Les deux chiffres ne sont pas calculés de la même manière, le premier provenant d'un indicateur avancé, qui estime à grands traits l'activité économique, tandis que le second, plus fiable, est issu de la comptabilité nationale.
Depuis fin 2011, l'économie finlandaise, membre de la zone euro, n'a pas connu deux trimestres consécutifs de croissance. Et sa crise se voit dans l'évolution annuelle du PIB: -1,4% en 2012, -1,1% en 2013 et -0,4% en 2014.
La croissance du printemps laisse les économistes dubitatifs. "Ça a l'air formidable mais, en y regardant de plus près, c'est carrément atroce. À l'exception des exportations, rien n'augmente véritablement", a résumé Pasi Sorjonen, de la banque Nordea.
"La plus importante contribution à la croissance est venue d'une forte baisse des importations, qui a été neutralisée par une chute des stocks", a-t-il ajouté.
"La Finlande ne va pas bien, la croissance a quasi disparu et, selon les projections, elle sera très modérée dans les années à venir également", a concédé Mika Kuismanen, haut-fonctionnaire du ministère des Finances, interrogé par l'AFP.
Mais il retenait que "cela change le panorama pour l'année. Si le chiffre était resté de -0,4% [comme dans la première estimation], la situation serait bien pire". Et "il y a une reprise en vue dans l'investissement", selon lui.
- Crise en Russie -
Outre le vieillissement de sa population, un des plus rapides au monde, et le déclin de deux de ses principales industries, le papier et l'électronique, la Finlande souffre de la crise économique en Russie. Les exportations finlandaises vers son grand voisin sont en chute cette année.
Ailleurs dans le monde, la faiblesse de l'euro a aidé. Au deuxième trimestre, les exportations ont augmenté de 0,5% par rapport au trimestre précédent, même si elles ont reculé de 1,2% sur un an.
La récession produit des effets dévastateurs sur le marché du travail, avec un taux de chômage en juillet qui a atteint son plus haut niveau depuis 15 ans, à 9,7%.
Cette crise avait propulsé au pouvoir lors des législatives en avril un centriste ancien chef d'entreprise, Juha Sipilä, qui promettait de relancer l'envie d'entreprendre, l'investissement et la compétitivité.
Ses débuts ont été difficiles. Son projet de "pacte social" pour abaisser les coûts du travail n'a pas passé la barrière des négociations avec les partenaires sociaux et le gouvernement a dû y renoncer le 20 août.
À la place, l'exécutif a choisi de légiférer. Il doit présenter au Parlement d'ici à fin septembre un "plan pour améliorer la compétitivité" du pays, qui devrait être frappé du sceau de l'austérité budgétaire.
Avec des gouvernements dominés par les conservateurs puis par des centristes partisans de la rigueur, Helsinki s'accroche depuis le début de la crise à une politique budgétaire stricte qui n'a réussi à enrayer ni la baisse de l'activité ni la dégradation des finances publiques.