par Alexandre Boksenbaum-Granier
PARIS (Reuters) - Les actions de la zone euro devraient profiter en 2016 de la politique monétaire de la Banque centrale européenne (BCE), de la faiblesse de la monnaie unique et des cours du pétrole, estiment les gérants et analystes interrogés par Reuters.
Ils anticipent cependant une nouvelle année boursière volatile en raison des incertitudes entourant les économies émergentes et les risques géopolitiques.
Cette année, après avoir enregistré leur meilleur premier trimestre depuis 1998, les indices CAC 40 et Euro Stoxx 50 ont été chahutés et ont évolué au gré des craintes autour de la croissance chinoise, des anticipations de remontée des taux aux Etats-Unis et des annonces du président de la BCE, Mario Draghi.
"Les facteurs qui marqueront les marchés au cours des prochains mois en Europe tournent encore et toujours autour de l'action de la BCE, en raison de la lenteur avec laquelle les réformes structurelles se mettent en place dans les pays qui en ont besoin, et notamment en France", estime Christian Jimenez, président de Diamant Bleu Gestion.
Au début du mois, la BCE a abaissé l'un de ses taux directeurs et prolongé d'au moins six mois son programme d'achats de titres sur les marchés, mais les investisseurs se sont montrés déçus par le manque d'ampleur de ce nouveau soutien, ce qui a fait bondir l'euro et chuter les Bourses.
"Cette surréaction devrait être corrigée très prochainement. Les perspectives de retour à une croissance plus soutenue de l'activité en Europe devraient permettre aux cours boursiers de revenir en 2016 vers leurs plus hauts de 2015", juge Christian Jimenez.
M&A ET VALORISATIONS ATTRAYANTES
Le sondage trimestriel mené ces derniers jours par l'agence Reuters auprès d'une quarantaine d'analystes et de gérants de fonds montre que le CAC 40 devrait atteindre 5.200 points en fin d'année prochaine, contre 4.549,56 points vendredi à la clôture, soit une hausse de 14,3%.
D'après ce sondage, l'indice Euro Stoxx 50 devrait atteindre 3.675 points à fin 2016, en progression de 14,73% par rapport à vendredi.
Les marchés européens devraient également profiter d'une multiplication des opérations de fusion-acquisition et de valorisations relativement plus attrayantes que celles affichées aux Etats-Unis, considèrent certains analystes et gérants.
"Le risque à court terme concerne toujours le rythme de normalisation de la politique monétaire américaine. Les marchés 'pricent' une hausse en décembre puis un rythme modéré ensuite dans un contexte de faible inflation et de croissance stable aux Etats-Unis", nuance toutefois Alexandre Baradez, analyste de marché chez IG France.
"Une Fed qui tarderait en revanche à normaliser sa politique monétaire devrait également être perçue comme un risque par les marchés car traduisant des craintes potentielles sur l'économie domestique mais également l'environnement international", prévient-il.
Les analystes s'attendent à ce que la banque centrale américaine relève mercredi d'un quart de point son objectif pour le taux des fonds fédéraux (fed funds), après l'avoir maintenu proche de zéro pendant sept ans.
Deux points seront aussi à surveiller avec attention dans les prochains mois : l'évolution de la situation économique dans les zones émergentes et celle des cours du pétrole, dit Isabelle Enos, responsable de l'offre marchés chez B*capital.
(Avec Sudip Kar-Gupta à Londres, édité par Dominique Rodriguez)