par William Maclean
DUBAI (Reuters) - L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) peut faire face à la chute des cours de pétrole observée depuis des mois et donc maintenir sa production inchangée, a déclaré dimanche le secrétaire général de l'Opep, estimant que la faiblesse du marché ne reflétait pas les fondamentaux.
S'exprimant lors d'une conférence à Dubaï, Abdullah al Badri est revenu sur la décision, prise fin novembre par l'Opep, de ne pas baisser sa production malgré le plongeon de l'or noir.
"Nous avons alors convenu qu'il était important de continuer la production (à ses niveaux actuels) pour la (...) période à venir. La décision a été le fruit d'un consensus de tous les ministres. Elle a été prise. Nous n'en dévierons pas", a-t-il dit.
La décision de l'Opep de laisser sa production inchangée, annoncée le 27 novembre, avait entraîné ce jour là une baisse de 6,65% du cours du Brent.
Depuis le début de l'année, il a perdu quelque 45% en raison surtout d'un déséquilibre jugé croissance entre une offre abondante, alimentée par le boom du gaz de schiste en Amérique du Nord, et une demande mondiale atone, du fait surtout d'une conjoncture déprimée dans la zone euro et du ralentissement économique à l'oeuvre en Chine.
Ce plongeon de l'or noir pèse lourdement depuis quelques semaines sur les valeurs énergétiques et les devises exposées aux exportations de pétrole.
De manière générale, le recul du pétrole, ainsi que celui des matières premières, a ôté les investisseurs le goût du risque dans le sens ou ces évolutions sont considérées comme symptomatiques du ralentissement économique mondial.
L'accélération de la chute des cours s'est précipitée ces dernières semaines, à la suite de la décision de l'Arabie saoudite de baisser ses prix pour protéger ses parts de marché ou encore des propos de l'Agence internationale de l'énergie (AIE), qui voit les cours encore baisser en 2015.
CHUTE DES BOURSES DU MOYEN-ORIENT
Du coup, la panique semble s'être emparée des investisseurs actifs sur les Bourses du Moyen-Orient. L'indice vedette de la Bourse de Dubaï a ainsi plongé de 7,61% dimanche, son recul le plus marqué sur un jour en six ans.
Depuis le début du mois, cet indice accuse un repli de près de 22,5%. Depuis le début de l'année, il est désormais en baisse de près de 1,5%.
La Bourse d'Abou Dhabi a reculé de 3,63% portant le recul depuis le début du mois à près de 10% et celle Qatar de 5,85% (-12,9% depuis le début du mois de décembre).
En plus de son impact sur les Bourses et les actifs jugés risqués dans son ensemble, la baisse des prix du pétrole joue également sur les prix à la consommation, aggravant ainsi le risque déflationniste qui menace la zone euro.
Selon Abdullah al Badri, la chute des cours du brut est exagérée. "Les fondamentaux ne devraient pas conduire à ce recul si spectaculaire des prix", notant que seule une légère hausse de l'offre avait entraîné le recul des prix.
"A mon avis, la spéculation a joué un rôle important", a-t-il dit.
Prié de dire si l'Opep prévoyait une réunion d'urgence avant la prochaine au programme, en juin, ou si une entrevue avec des producteurs hors Opep était prévu, Abdullah al Badri a répondu que de telles réunions n'auraient pas d'effet sur les prix du pétrole.
Il a répété que l'Opep n'avait pas fixé un cours pour l'or noir, exhortant les pays du Golfe à continuer d'investir dans l'exploration, soulignant que les Etats-Unis dépendraient encore pendant de longues années du brut du Moyen-Orient.
Si de nouveaux projets de production étaient arrêtés, cela créerait les conditions qui pourraient conduire le pétrole à bondir "jusqu'à 147 dollars le baril, comme en 2008".
(Benoît Van Overstraeten pour le service français)