TOKYO (Reuters) - Le Premier ministre japonais, Shinzo Abe, a donné lundi le coup d'envoi d'un nouveau plan de relance budgétaire après la victoire nette de la coalition qu'il conduit aux élections sénatoriales de dimanche.
Il n'a précisé ni le contenu ni le montant du plan mais cela n'a pas empêché la Bourse de Tokyo de gagner près de 4% et le yen de baisser, les investisseurs estimant que le gouvernement a désormais les mains libres pour donner un nouvel élan à sa politique économique face à la faiblesse persistante de l'investissement des entreprises.
Certains économistes craignent toutefois que l'accent mis sur les dépenses publiques d'infrastructures laisse de côté les problèmes structurels du Japon, à commencer par la baisse de la population et celle de la main d'oeuvre. L'augmentation de la dépense publique accroît en outre la pression exercée sur la Banque du Japon en faveur du maintien de taux d'intérêt bas et d'un yen faible.
Des sources au sein du Parti libéral-démocrate (PLD) avaient déclaré à Reuters avant le scrutin de dimanche que le gouvernement était prêt à engager plus de 10.000 milliards de yens (88,8 milliards d'euros) de dépenses publiques nouvelles.
"Nous allons transformer des investissements audacieux en germes de la croissance future", a déclaré Shinzo Abe lundi lors d'une conférence de presse au siège du PLD au lendemain des sénatoriales, qui assurent à sa coalition une majorité plus forte qu'attendu, suffisante pour réformer la constitution.
Abe a dit vouloir renforcer les exportations agricoles et améliorer les infrastructures, comme les transports ferroviaires et les ports, afin de permettre le développement du tourisme, notamment les croisières.
"Nous avons promis lors de cette campagne électorale que nous allions vendre les produits agricoles et les ressources touristiques dont chaque région est fière", a-t-il dit.
Il a également renouvelé sa promesse d'une amélioration des conditions d'accueil des jeunes enfants et des personnes âgées, et ajouté envisager des aides aux étudiants ayant des difficultés à rembourser les emprunts contractés pour financer leur formation.
Le gouvernement prévoit aussi d'émettre de nouvelles "construction bonds", des obligations dédiées au financement de projets de travaux publics, ce qui serait une première en quatre ans, a rapporté le quotidien Nikkei.
Certains économistes jugent les dépenses publiques d'infrastructures nécessaires pour compenser l'atonie de l'investissement privé. Une atonie confirmée lundi par les statistiques mensuelles des commandes d'équipements industriels, en baisse inattendue de 1,4% en mai et de 11,7% sur un an.
(Stanley White et Tetsushi Kajimoto; Marc Angrand pour le service français, édité par Véronique Tison)