par Tom Sims
FRANCFORT (Reuters) - Deutsche Bank (DE:DBKGn) a publié mercredi une perte nette de 3,15 milliards d'euros au deuxième trimestre, supérieure à ses propres projections, illustrant l'ampleur du défi que représente sa vaste réorganisation annoncée en début de mois.
Le montant de cette perte trimestrielle a fait à nouveau décrocher le titre, qui perdait 3,28% à 6,90 euros en milieu de journée, après avoir cédé jusqu'à 5,8%, de loin la plus forte baisse de l'indice Dax (+0,23%) à la Bourse de Francfort.
Lors de l'annonce de sa restructuration le 7 juillet, la banque allemande avait prédit une perte nette de 2,8 milliards d'euros sur la période avril-juin, contre un bénéfice de 401 millions d'euros un an plus tôt. La perte a finalement été plus forte en raison de charges pour pertes de valeur elles-mêmes plus importantes que prévu lors de l'annonce du plan, a-t-elle dit mercredi.
Deutsche Bank a décidé de se réorganiser en profondeur pour tenter de mettre fin à des années de difficultés, ce qui devrait la condamner à finir l'année dans le rouge, comme lors de trois des quatre derniers exercices.
Le groupe va supprimer 18.000 emplois, renoncer à son activité sur les marchés actions et réduire ses opérations dans la banque d'investissement et sur le marché obligataire dans le cadre de cette restructuration qui lui coûtera 7,4 milliards d'euros.
CONTRACTION DES REVENUS AU DEUXIÈME TRIMESTRE
L'établissement a déjà pris des mesures importantes pour mettre en oeuvre sa nouvelle stratégie, a déclaré mercredi son président du directoire, Christian Sewing. Plus de 900 employés ont déjà annoncé leur démission ou été informés de leur prochain départ.
"Une part substantielle de nos coûts de restructuration a déjà été absorbée au deuxième trimestre", a-t-il dit.
Dans une lettre adressée au personnel, Christian Sewing écrit que Deutsche Bank a cependant dû faire face au cours du trimestre aux interrogations sur son avenir, qui ont déstabilisé sa clientèle. La première banque d'Allemagne a mis fin en avril à des discussions sur un projet de fusion avec sa concurrente Commerzbank (DE:CBKG).
"Maintenant, nous pouvons regarder devant nous avec davantage d'optimisme", écrit le président du directoire.
Deutsche Bank s'attend toutefois pour 2019 à un produit net bancaire (PNB) inférieur à celui de l'année dernière, ce qui constitue un nouvel abaissement de ses prévisions.
Ses revenus se sont contractés de 6% à 6,2 milliards d'euros au deuxième trimestre, contre une prévision moyenne des analystes de 6,3 milliards selon un consensus fourni par le groupe lui-même.
Le revenu de l'activité sur les marchés obligataires, traditionnelle vache à lait de la banque, a baissé de 4% au deuxième trimestre, tandis que le revenu du trading actions a chuté de 32%.
Ces reculs témoignent de la faiblesse persistante de sa division de banque d'investissement, ancienne priorité du groupe désormais délaissée, dont le revenu a globalement décliné de 18% sur la période avril-juin.
Pour les analystes de RBC Capital Markets, ces résultats trimestriels illustrent "le long chemin qu'il reste à parcourir jusqu'à ce que nous ayons de la visibilité sur les nombreux points d'appui" nécessaires à un redressement de Deutsche Bank.
(Avec Arno Schütze, Patricia Uhlig et Andreas Framke; Bertrand Boucey pour le service français)