par Jonathan Cable et Jake Spring et Ryan Vlastelica
PEKIN/LONDRES/WASHINGTON (Reuters) - La croissance dans le secteur privé a ralenti plus que prévu en Europe en novembre tandis que le secteur manufacturier calait en Chine et marquait le pas aux Etats-Unis, laissant augurer d'un tassement de l'activité économique mondiale au quatrième trimestre, montrent plusieurs enquêtes publiées jeudi.
Ces chiffres en berne pour l'Europe et de nouvelles indications de baisse de leur prix par les entreprises vont accentuer les pressions en faveur de nouvelles mesures d'assouplissement monétaire par la Banque centrale européenne (BCE).
La première contraction en six mois de la production manufacturière en Chine va aussi plaider pour des mesures de soutien à l'activité par les autorités chinoises.
"Cela confirme la nécessité d'un assouplissement quantitatif par la BCE", résume Alan Clarke, économiste pour l'Europe de Scotiabank, en référence aux indices PMI de la zone euro.
L'indice PMI composite de Markit, qui regroupe l'activité manufacturière et les services, a baissé à 51,4, soit un niveau inférieur à la plus basse des prévisions de tous les analystes interrogés par Reuters.
L'indice PMI du secteur des services est lui aussi ressorti en dessous de la prévision la plus pessimiste à 51,3 et celui du secteur manufacturier a reculé plus que prévu à 50,4, à peine au-dessus du seuil de 50,0 qui délimite l'expansion et la contraction de l'activité.
Pour Markit, ces PMI annoncent une croissance du produit intérieur brut (PIB) de la zone euro de 0,1% ou 0,2% au quatrième trimestre 2014, avec des perspectives réduites d'amélioration à brève échéance.
La composante nouvelles commandes de l'indice composite est passée sous 50,0 pour la première fois depuis juillet 2013 et les entreprises, qui n'ont guère embauché, ont réduit les carnets de commandes existants plus rapidement que le mois précédent.
Surtout, les entreprises du secteur des services ont à nouveau baissé leurs prix comme elles le font depuis la fin 2011, ce qui alimente les pressions déflationnistes contre lesquelles la BCE tente de lutter.
L'INDUSTRIE STAGNE EN CHINE...
En Chine, l'indice PMI HSBC/Markit est tombé à son plus bas niveau en six mois en novembre à 50,0 dans sa version préliminaire.
Le sous-indice sur la production est passé sous le seuil de 50,0 à 49,5, marquant la première contraction de l'activité depuis mai.
Le ralentissement du marché immobilier, une demande étrangère en berne et des surcapacités chroniques dans certaines industries pèsent sur le secteur manufacturier et l'ensemble de l'économie chinoise malgré les mesures de soutien prises par les autorités.
L'expansion de la deuxième économie mondiale a ralenti à 7,3% en rythme annuel au troisième trimestre et la Chine devrait enregistrer cette année sa plus faible croissance en 24 ans.
"Dans les mois à venir, il devrait y avoir de nouvelles incertitudes du fait du marché immobilier et des exportations", juge Hongbin Qu, économiste chargé de la Chine chez HSBC.
"De nouvelles mesures d'assouplissement monétaire et budgétaire devraient être mises en oeuvre" par les autorités chinoises, ajoute-t-il.
L'indice Markit JJMA pour le secteur manufacturier japonais s'est révélé plus contrasté avec un léger recul à 52,1 en novembre contre 52,4 le mois précédent mais une croissance de la production au rythme le plus soutenu en huit mois.
Les exportations japonaises ont augmenté en octobre à leur rythme le plus marqué en huit mois, une donnée encourageante pour la troisième puissance économique mondiale, tombée en récession au troisième trimestre.
... ET MARQUE LE PAS AUX USA
L'expansion dans le secteur manufacturier a ralenti aux Etats-Unis à son rythme le plus faible depuis le mois de janvier.
L'indice PMI Markit est ressorti à 54,7, après 55,9 en octobre. Les analystes interrogés par Reuters attendaient un indice à 56,4 pour le mois en cours.
La composante des entrées de commandes est ressortie à 55,6, là encore son plus bas niveau depuis le mois de janvier, après 57,8 en octobre.
La composante de l'emploi a en revanche légèrement progressé, à 55,1 après 54,9 en octobre.
D'autres indicateurs sur l'économie américaine publiés jeudi ont conforté le scénario de la poursuite de la reprise et d'une remontée très progressive de l'inflation.
L'inflation sous-jacente, qui exclut les éléments volatils comme les prix de l'alimentation et de l'énergie, a augmenté de 0,2% en octobre par rapport au mois précédent, enregistrant sa plus forte hausse en cinq mois. Sur un an, elle ressort à 1,8% contre 1,7% le mois précédent.
L'indice d'activité de la Réserve fédérale de Philadelphie est ressorti à 40,08 en novembre, au plus haut depuis décembre 1993 et dénotant une expansion bien plus forte que prévue du secteur industriel dans la région du centre du littoral atlantique des Etats-Unis.
Les ventes dans l'immobilier ancien ont par ailleurs atteint en octobre leur niveau le plus élevé en un peu plus d'un an, un signe supplémentaire du redressement progressif du secteur.
(Marc Joanny pour le service français, édité par Patrick Vignal)