PARIS (Reuters) - La garde des Sceaux Nicole Belloubet a défendu dimanche l'indépendance de la justice et condamné un "jeu paranoïaque" de la part de Jean-Luc Mélenchon, au lendemain d'un entretien où il expliquait sa réaction violente aux perquisitions du 16 octobre en dénonçant un "traquenard".
"Je ne peux pas entrer dans le jeu paranoïaque de Jean-Luc Mélenchon sur ce sujet-là", a déclaré Nicole Belloubet au Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI. "Il n'y a évidemment aucun complot, j'ai déjà eu l'occasion de le dire, la justice n'est pas aux ordres, pas dans notre pays."
Dans une interview publiée samedi par la Provence, Jean-Luc Mélenchon se dit toujours "sous le choc" de la série de perquisitions menées dans le cadre de deux enquêtes - sur des soupçons de surfacturation de la campagne présidentielle et des soupçons d'emplois fictifs au Parlement européen - et s'estime victime d'un "coup monté", dont le coupable est "à l'Elysée".
Evoquant "une dérive du président Mélenchon", la ministre de la Justice a réfuté une nouvelle fois toute instruction individuelle de l'exécutif aux magistrats.
"Oui, il m'appartient de sensibiliser les procureurs et de leur fixer mes priorités de politique pénale sur tel et tel sujet. Non je n'ai pas, je ne peux pas, la loi m'en empêche, leur donner des ordres dans telle ou telle affaire. C'est impossible et je ne le fais pas", a-t-elle déclaré.
A l'heure où la popularité du chef de file de la France insoumise semble pâtir de l'épisode des perquisitions dans plusieurs sondages et, certains au sein du mouvement de la gauche radicale esquissent des regrets.
"Je n'étais pas forcément à l'aise avec cette façon de procéder", a déclaré dimanche sur BFM TV la députée LFI Clémentine Autain, interrogée sur la perquisition menée au siège du mouvement qui a entraîné une vive réaction du leader LFI et de ses proches, et l'ouverture d'une procédure pour violences sur personnes dépositaires de l'autorité publique.
"Médiatiquement il y a eu une forme d'acharnement, la colère de Jean-Luc Mélenchon a été montée en épingle. Je suis une militante, j'appartiens à une famille politique et cette famille politique elle est aussi blessée de ce moment-là", a-t-elle poursuivi.
"Effectivement ce jour-là j'aurais préféré commenter le remaniement que ces perquisitions et même la colère de Jean-Luc Mélenchon."
(Julie Carriat, édité par Henri-Pierre André)