BERLIN (Reuters) - Correction: Bien lire 2 octobre au §2
L'Allemagne a appelé lundi ses partenaires européens à suspendre à leur tour leurs ventes d'armes à l'Arabie saoudite tant que toute la lumière n'a pas été faite sur la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi à Istanbul.
Après avoir longuement nié que le journaliste exilé aux Etats-Unis avait été tué le 2 octobre à l'intérieur de son consulat à Istanbul, Ryad a fini par le reconnaître ce week-end en évoquant une "terrible erreur" lors d'une altercation qui aurait mal tourné.
Cette explication que Donald Trump a trouvé "crédible" n'a pas convaincu les autres dirigeants occidentaux, dont la chancelière allemande Angela Merkel qui a annoncé dimanche la suspension des exportations d'armes vers l'Arabie saoudite, jugeant que celles-ci "ne peuvent pas avoir lieu dans les circonstances actuelles".
Son ministre de l'Economie, Peter Altmaier, a confirmé lundi sur la chaîne ZDF que le gouvernement ne donnerait pas son feu vert à de telles exportations tant que Ryad n'aura pas apporté des explications satisfaisantes à la mort de Jamal Khashoggi.
Berlin a approuvé cette année l'exportation de plus de 400 millions d'euros d'armements vers l'Arabie saoudite, qui est le deuxième marché dans le monde pour l'Allemagne après l'Algérie. Peter Altmaier a précisé que le gouvernement prendrait "très prochainement" la décision d'annuler ou pas ces commandes.
Le ministre a aussi invité ses partenaires européens à lui emboîter le pas pour accentuer la pression Ryad.
"A mes yeux il est important d'avoir une position européenne commune", a-t-il dit sur la ZDF. "Parce que ce n'est que si tous les gouvernements européens sont sur la même ligne que ça produira de l'effet sur Ryad. Il n'y aura aucun impact positif si nous suspendons les exportations d'armes et si d'autres pays nous remplacent."
Avant même l'affaire Khashoggi, l'Espagne a envisagé le mois dernier d'annuler un contrat portant sur 400 bombes à guidage laser en raison de leur utilisation possible dans le conflit au Yémen où l'aviation saoudienne a multiplié les victimes civiles. Madrid a finalement décidé de maintenir la vente en disant avoir obtenu "des garanties".
La France, le Royaume-Uni et l'Italie figurent aussi parmi les principaux fournisseurs d'armes à l'Arabie saoudite.
Les organisations de défense des droits de l'homme, comme Amnesty International, appellent avec insistance ces pays à changer de politique.
(Maria Sheahan; Tangi Salaün pour le service français)