JOHANNESBURG (Reuters) - L'ancien chef de la diplomatie sud-africaine Pik Botha, visage de la politique d'apartheid sur la scène internationale pendant près de deux décennies, est décédé vendredi à l'âge de 86 ans des suites d'une longue maladie, rapporte le site d'informations eNCA en citant son fils.
Pik Botha a été ministre des Affaires étrangères de 1977 à la fin du pouvoir nationaliste blanc en 1994.
Il était considéré comme une figure réformatrice au sein des gouvernements dans lesquels il a servi et avait même prédit dès 1986 que l'Afrique du Sud aurait un jour un président noir, ce qui lui avait valu les remontrances du président de l'époque, P.W. Botha, avec lequel il n'avait aucun lien de parenté.
"Dès lors que nous pourrons nous entendre sur un moyen de protéger les droits des minorité sans préjugé racial, alors il deviendra sans doute inévitable qu'il y ait un jour un président noir dans ce pays", avait-il estimé huit ans avant l'élection de Nelson Mandela.
Mais en tant que chef de la diplomatie, c'est à Pik Botha qu'a incombé le rôle peu enviable de défendre la politique d'apartheid sur la scène mondiale à un moment où l'Afrique du Sud était de plus en plus isolée.
Tout en incarnant aux yeux du monde un régime raciste sous le coup de sanctions internationales, le ministre au talent de négociateur reconnu a engrangé quelques succès diplomatiques, notamment le protocole de paix qui a mis fin à l'engagement militaire de l'Afrique du Sud en Angola face au gouvernement marxiste soutenu par Cuba.
Cet accord a ouvert la voie à l'indépendance de la Namibie en 1990 après des décennies de domination de l'Afrique du Sud - et des Blancs - sur l'ancien Sud-Ouest africain.
Après l'élection de Nelson Mandela en 1994, Pik Botha a été pendant deux ans ministre des Mines et de l'Energie du premier gouvernement d'union nationale.
Après son départ du gouvernement en 1997, il avait déclaré: "L'Afrique du Sud est un pays assez développé grâce aux efforts conjugués des Noirs et des Blancs; ils ont besoin les uns des autres. J'avais coutume de dire que nous sommes comme un zèbre: si quelqu'un tire une balle dans la bande noire ou dans la bande blanche, l'animal meurt."
(Ed Stoddard; Tangi Salaün pour le service français)