La ministre de la Santé, Marisol Touraine, a dévoilé lundi un plan d'environ "250 millions d'euros" d'ici à 2019 pour lutter contre la pénurie de médecins à l'hôpital public, promettant notamment des primes pour attirer 3.000 jeunes dans les zones en tension.
Les premières mesures "prendront effet dès janvier 2016" et seront essentiellement financées par "la réduction des dépenses d'intérim" prévues dans la loi santé, a insisté la ministre devant la presse. Seules quelques "dizaines de millions d'euros resteront à financer par les hôpitaux", a-t-elle ajouté.
La ministre souhaite ainsi répondre "au défi démographique", avec environ 30% des praticiens hospitaliers qui doivent partir à la retraite d'ici à 2020, mais aussi "à l'aspiration des jeunes qui se sentent aujourd'hui peu incités à s'engager" dans le public.
De fait, les salaires s'avèrent souvent plus attractifs dans le privé et surtout dans l'intérim, auquel ont recours les hôpitaux qui peinent à recruter, pour un total de 500 millions d'euros par an, selon un rapport parlementaire de 2013.
Le projet de loi santé prévoit de plafonner les rémunérations des intérimaires.
Les économies dégagées financeront la création d'une "prime d'engagement", équivalent "à plusieurs mois de salaire" pour les "jeunes qui font le choix de prendre un poste dans un secteur sous-doté ou dans une spécialité" en tension, en particulier l'anesthésie-réanimation, la chirurgie et la radiologie, a expliqué Mme Touraine, qui vise 3.000 bénéficiaires d'ici à fin 2018.
Ces derniers bénéficieront aussi d'une "accélération de carrière" de deux ans au bout de cinq ans, soit sept ans d'ancienneté. Les couverture maladie et maternité de tous les jeunes en début de carrière seront améliorées.
La ministre souhaite également améliorer les conditions d'exercice de l'ensemble des praticiens hospitaliers (PH) pour les "fidéliser" et pallier les difficultés de recrutement à travers "12 engagements", qui s'appuient sur le rapport de l'ancien sénateur Jacky Le Menn rendu public lundi.
Les 15.000 PH qui travailleront sur plusieurs sites dans le cadre des groupements hospitaliers de territoires prévus dans la loi santé bénéficieront ainsi d'une "prime d'exercice territorial". De même, la participation à un "pool de praticiens remplaçants" donnera droit à une compensation.
Les médecins pourront prolonger leur activité jusqu'à 70 ans ans et le cumul emploi-retraite jusqu'à 72 ans.
Les missions seront diversifiées (recherche, enseignement) et reconnues dans le temps de travail, comme le temps passé sur certaines activités médicales débordant sur la soirée.
Les hôpitaux devront enfin développer des projets sociaux pour les médecins, comme l'ouverture de places de crèche jusqu'à alors réservées aux paramédicaux.