LILLE (Reuters) - La police a utilisé des gaz lacrymogènes mercredi à Lille pour disperser des supporters de l'équipe d'Angleterre alcoolisés en marge de l'Euro de football, mais les affrontements redoutés avec les supporters russes ont été globalement évités.
Les forces de l'ordre ont procédé à 37 interpellations et 51 personnes ont été blessées à l'issue des affrontements, a annoncé jeudi le préfet du Nord, Michel Lalande.
Quinze personnes ont été placées en garde à vue, le reste des interpellations concernant "essentiellement des ivresses sur la voie publique", précise-t-il dans un communiqué.
Après le match Russie–Slovaquie mercredi au stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d'Ascq, et à la veille du match Angleterre-Pays de Galles, jeudi au stade Bollaert-Delelis, à Lens, de nombreux supporters étaient présents dans le centre-ville de Lille.
Plus de 16.000 personnes se trouvaient par ailleurs dans la fan zone de Lille pour la retransmission du match France-Albanie, a précisé la préfecture.
Peu de Russes étaient visibles dans les rues de Lille après la défaite de leur équipe 2-1 contre la Slovaquie dans l'après-midi. Les troubles de la soirée ont été principalement causés par des supporters de l'équipe d'Angleterre qui chantaient dans des bars, par groupes pouvant aller jusqu'à 200 personnes.
Des incidents ont débuté vers 18h00 à proximité de la gare Lille Flandres, avec un mouvement de foule provoqué par l'explosion d'un engin fumigène lancé par un supporter, a constaté Reuters.
Les CRS ont lancé une première charge pour tenter de disperser des centaines de supporters.
Vers 22h00, alors que plusieurs bars avaient baissé leur rideau par crainte de dégradation, les policiers ont essuyé des jets de bouteilles et décidé à nouveau de tenter la dispersion.
CACHE-CACHE DANS LE VIEUX LILLE
Des affrontements entre petits groupes de supporters ont entraîné l'intervention des forces de l'ordre, qui les ont pourchassé dans les rues, avec gaz poivre, maîtres-chiens et grenades assourdissantes.
Pendant environ trois heures, un groupe de 200 Anglais a joué au chat et à la souris avec les forces de l'ordre. Le dernier acte des affrontements s'est déroulé dans le Vieux Lille.
De source policière, on signale une rencontre momentanée entre supporters britanniques et russes, entre minuit et une heure du matin, qui a provoqué un "pic de tension", avec échanges de coups. Les CRS sont intervenus rapidement.
Près de 2.000 CRS, policiers et gendarmes ont quadrillé la ville mercredi, avant, pendant et après la rencontre Russie-Slovaquie. Des mesures avaient été prises pour limiter la consommation d'alcool pour éviter une répétition des violences qui ont eu lieu en marge du match Angleterre-Russie samedi à Marseille.
Un arrêté préfectoral limitant la vente et la consommation d'alcool est en vigueur à Lille depuis mardi soir et jusqu'à vendredi matin.
Une autre rencontre "classée à risque" par les autorités se déroule jeudi à Lens, entre l'Angleterre et le Pays de Galles, à 40 kilomètres de Lille.
La préfecture a annoncé la présence de 40.000 à 50.000 supporters venus d'Outre Manche et pris des mesures de restriction de la vente d'alcool. Dans le département du Nord, plus de 3.900 agents sont mobilisés.
La Russie et l'Angleterre ont été menacées d'exclusion de l'Euro après les heurts du week-end à Marseille.
Mercredi, des supporters de l'Angleterre ont accusé la police d'avoir été trop dure envers eux. "Honte!", ont crié certains aux forces de l'ordre.
(Alastair Macdonald, Philip O'Connor, Pierre Savary et John Irish; Danielle Rouquié et Julie Carriat pour le service français, édité par Jean-Baptiste Vey)