PARIS (Reuters) - Plusieurs responsables socialistes ont jugé dimanche que le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron, était allé trop vite en déclarant au Journal du Dimanche qu'une réforme de l'assurance chômage était nécessaire.
L'ancien conseiller économique de François Hollande, estimant que l'assurance chômage ne devait pas être une question "taboue", a également déclaré que l'Etat pourrait reprendre la main en cas de blocages "trop lourds", au risque de relancer un débat hautement sensible en France.
Interrogée à ce sujet en marge d'un conseil national du PS dimanche à Paris, la ministre de la Santé, Marisol Touraine, a appelé son collègue au gouvernement à ne pas céder à l'empressement. "Aucun sujet n'est tabou mais il faut savoir prendre le temps de la réflexion et associer les acteurs qui sont directement concernés", a-t-elle déclaré sur BFM TV.
Le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a dans le même sens appelé "tout le monde au calme", tout en disant se méfier des "annonces fantasmes".
Le premier secrétaire du Parti socialiste, Jean-Christophe Cambadélis, a, lui, demandé au gouvernement de se conformer aux récentes déclarations de François Hollande, qui avait semblé prendre ses distances avec ce débat lors d'un sommet européen sur l'emploi mercredi à Milan.
"La gauche n'a pas de tabous mais elle a quelques totems. En particulier le fait que quand un président de la République s'exprime, les ministres appliquent", a-t-il déclaré à la presse en marge de la même réunion.
Après avoir déclenché un tollé en prônant une réforme des règles d'indemnisation des chômeurs, le Premier ministre, Manuel Valls, s'était efforcé mercredi de ramener le calme dans les esprits en renvoyant la question à des négociations entre les partenaires sociaux en 2016.
Dans l'interview publiée dimanche, son ministre de l'Economie estime qu'il ne doit pas y avoir de "tabou, ni de posture" sur la question de l'assurance chômage.
"L'assurance chômage est en déficit de quatre milliards d'euros. Quel responsable politique peut s'en satisfaire ?", dit-il, ajoutant que la réforme déjà menée était "insuffisante".
Entre-temps, selon des sources européennes, Bruxelles a fait savoir à Paris qu'une des conditions pour que la France obtienne un nouveau délai pour ramener son déficit public à 3% du PIB est de s'engager sur une réforme de son marché du travail.
(Marion Douet, édité par Guy Kerivel)