PARIS (Reuters) - Alain Juppé se déclare "en mouvement", dans un entretien paru mercredi, et favorable à un rassemblement qui pourrait se faire autour d'Emmanuel Macron, d'Edouard Philippe ou d'une personnalité encore membre des Républicains (LR), comme Valérie Pécresse ou Xavier Bertrand.
Spectateur mais aussi acteur de facto de la recomposition à droite, le maire de Bordeaux ne cite jamais Laurent Wauquiez dans cette interview au Point mais il laisse paraître son opposition à la ligne droitière incarnée par le candidat à la présidence de LR.
"Je ne suis pas En marche, mais je ne suis pas non plus immobile. Disons que je suis en mouvement", déclare-t-il, sans dire si ce "mouvement" pourrait le conduire à terme à quitter son parti d'origine.
L'ex-Premier ministre oppose deux stratégies, celle des tenants d'une "droite-droite", qui prennent selon lui le risque de "banalise(r) les idées du Front national", et celle qu'il défend, consistant à faire alliance avec le centre.
"Mais autour de qui se fédérer ? Voilà la question", s'interroge-t-il. "En marche ! n'est pas un parti politique, mais une organisation sans sol. Le rassemblement peut se faire autour d'Emmanuel Macron... ou de quelqu'un d'autre comme Edouard Philippe, Xavier Bertrand, Valérie Pécresse."
Outre Emmanuel Macron, les trois personnalités qu'il cite ont épousé des trajectoires différentes depuis six mois : Edouard Philippe est devenu Premier ministre et les deux autres ont choisi pour l'heure de rester au sein de LR tout en tempêtant contre l'orientation de Laurent Wauquiez.
"PROFONDE ERREUR"
Au-delà de leur sort personnel, la question qui se pose est celle d'un possible éclatement de la principale formation de droite une fois que l'élection de son futur président sera passée, le mois prochain.
Alain Juppé aurait déjà confié vendredi dernier à Sud Ouest son souhait de voir émerger un "grand mouvement central" pour les élections européennes de 2019, avant de balayer à ce stade l'hypothèse de listes communes avec le chef de l'Etat.
"C'est pour moi une profonde erreur", lui répond Laurent Wauquiez dans un entretien à paraître jeudi dans Le Figaro.
Une alliance qui mêlerait des responsables venus de gauche et de droite serait, selon lui, "contre nature" et "ouvrirait un large espace aux extrêmes".
"La droite n'est pas soluble dans En marche! et la démocratie française a besoin de la droite républicaine. Ce que je veux reconstruire, c'est une alternative face à Emmanuel Macron ; les Français ont le droit au choix", ajoute-t-il.
Alain Juppé et Laurent Wauquiez divergent notamment sur la vision de l'Union européenne, le second ayant abandonné le fédéralisme de ses débuts pour une posture nettement plus critique vis-à-vis de la construction européenne actuelle.
Dans Le Figaro, il plaide pour l'adoption d'un "traité de refondation" qui serait soumis, en fin de processus, à un référendum.
Ce nouveau pacte prévoirait notamment une division de l'UE en trois groupes de pays plus ou moins intégrés et l'inscription dans le marbre des "racines judéo-chrétiennes" de l'Europe.
(Simon Carraud, édité par Emmanuel Jarry)