Des grandes banques internationales ont entrepris de "vrais examens" afin de déplacer certaines activités à Paris, a déclaré le régulateur français des marchés, au moment où leur avenir à Londres est assombri par le Brexit.
"Nous en sommes encore au niveau de demandes de renseignements informelles par les consultants, les avocats", a expliqué Benoît de Juvigny, secrétaire général de l'Autorité des marchés financiers (AMF), interrogé mercredi soir sur BBC 2.
"Dans d'autres cas, en particulier pour ce qui concerne les grandes banques internationales, c'est une démarche normale mais elles ont déjà entrepris de vrais examens et nous avons reçu beaucoup de questions pratiques sur la manière dont (ces banques) vont être supervisées" en France, a-t-il expliqué.
Ces propos sont tenus alors que la City de Londres redoute depuis le référendum du 23 juin que le Brexit ne se traduise par la perte de l'accès sans entrave au marché unique européen.
Le fameux "passeport financier" permet ainsi à une banque extra-européenne installée à Londres d'exercer ses activités dans l'ensemble de l'Union européenne (UE).
La City craint particulièrement de perdre le contrôle des activités de compensation en euros, c'est-à-dire le rôle d'intermédiaire entre le vendeur et l'acheteur de produits financiers libellés dans la monnaie de la zone euro.
Le puissant lobby bancaire, la British Bankers' Association, a prévenu récemment que les banques internationales installées au Royaume-Uni étaient prêtes à transférer certaines de leurs activités hors du pays début 2017, craignant la tournure que pourrait prendre le Brexit.
De son côté, la place financière parisienne, en concurrence avec Francfort, Dublin, Luxembourg ou Amsterdam, a multiplié les initiatives pour faire valoir ses atouts, au cas où la City perdrait de son influence au profit d'autres pays européens.
"Bien sûr Londres a une importante expertise, mais il ne faut pas sous-estimer la nôtre. Pour moi c'est un défi bienvenu mais également dangereux parce que nous pourrions assister à une nouvelle concurrence entre pays, entre régulateurs", a prévenu M. de Juvigny.
La Banque centrale irlandaise avait elle-même indiqué la semaine dernière que le vote pour le Brexit avait entraîné une hausse significative des requêtes d'information de la part d'établissements financiers basés au Royaume-Uni pour l'obtention d'une autorisation d’exercer en Irlande.