PARIS (Reuters) - Le parquet de Paris a ouvert jeudi une enquête pour proxénétisme aggravé, après un signalement de la mairie de Paris dénonçant des camions publicitaires qui invitent les étudiants à "sortir" avec des "sugar daddy" ou "sugar mama" via un site internet.
Cette enquête, confiée à la brigade de répression du proxénétisme (BRP), vise aussi la circulation de véhicules publicitaires dans une zone urbaine où la publicité est interdite, précise-t-on de source judiciaire.
Outre le signalement effectué mercredi par la mairie de Paris auprès du parquet, l'université de Paris-Descartes a déposée une plainte jeudi, ajoute-t-on.
Mercredi soir, l'adjointe à la maire de Paris chargée de l'égalité femmes-hommes, Hélène Bidard, avait dit avoir "saisi le procureur pour que la plateforme Pharos (qui permet de signaler les contenus et comportements illicites sur internet-NDLR) ferme ce site et que ces pubs soient retirées."
Dans son collimateur, l'affiche publicitaire du site "RichMeetBeautiful" sur laquelle on peut lire : "Hey les étudiant(e)s ! Romantique, passion et pas de prêt étudiant : sortez avec un sugar daddy, sugar mama".
Cette affiche a suscité une vive réprobation.
"Cette publicité a pour objet d'attirer les étudiant-es en situation de précarité et de les inciter à accepter de se livrer à des actes sexuels avec des personnes plus âgées", a ainsi réagi la Fédération des associations générales étudiantes (Fage), qui a dit vouloir porter plainte pour "proxénétisme".
La partie pourrait toutefois s'annoncer délicate, selon la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa.
"C'est pas un bus de prostitution, c'est là qu'est la subtilité", a-t-elle dit sur Sud Radio. "C'est présenté comme un bus de site de rencontres entre jeunes et personnes plus âgées et riches, donc effectivement c'est problématique".
"Ce qu'il faut qu'on regarde c'est : est-ce qu'il s'agit de rencontres consenties ou est ce qu'il s'agit effectivement de proxénétisme et d'une forme d'incitation à la prostitution, ce qui, là, pourrait tomber effectivement sous le coup de la loi", a-t-elle ajouté.
"C'est choquant de façon générale, puisque là le message est de dire en gros qu'on pourrait marchandiser les corps et marchandiser des relations, ça pose un certain nombre de questions", a-t-elle souligné.
Le site internet n'en est pas à son coup d'essai. Fin septembre, deux camions - surmontés de panneaux sur lesquels on pouvait lire "Hey les étudiantes ! Améliorez votre style de vie, sortez avec un sugardaddy" - avaient été aperçus et signalés en Belgique aux abords d'universités.
(Emmanuel Jarry, Marine Pennetier et Myriam Rivet, édité par Yves Clarisse)