PARIS (Reuters) - Gérald Darmanin a saisi mardi à l'Inspection générale de la Police nationale (IGPN) après avoir constaté des "comportements graves" de membres des forces de l'ordre lors de l'évacuation, la veille à Paris, d'une manifestation de migrants et d'exilés regroupés place de la République.
"Choqué" par des images diffusées sur les réseaux sociaux, le ministre de l'Intérieur a demandé dès lundi soir un rapport au préfet de police de Paris au sujet de ces incidents.
Ce rapport circonstancié "fait état de plusieurs comportements que nous pourrons qualifier, vous et moi, de graves", a dit Gérald Darmanin lors des questions d'actualité à l'Assemblée nationale, en réponse au député La France insoumise Eric Coquerel.
Gérald Darmanin a dit avoir demandé à l’IGPN de lui remettre sous 48h ses conclusions, qu'il rendra publiques.
De nombreuses vidéos et photos de cette évacuation ont été diffusées sur les réseaux sociaux, certaines montrant des policiers frappant des manifestants ou confisquant les tentes dressées lundi soir place de la République.
"Est-ce que j'ai pu être choqué par ces images ? La réponse est oui", a déclaré Gérald Darmanin à l'Assemblée.
Cette manifestation a été organisée une semaine à peine après l'évacuation d'un camp de migrants installé à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis), près du Stade de France.
"DES IMAGES QUI VONT FAIRE MAL"
Le secrétaire général du Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) a condamné des "gestes qui n'ont pas lieu d'être dans une opération extrêmement sensible."
"Ce campement n'est pas arrivé là par hasard. Il était installé avec des gens qui sont venus provoquer. C'est un coup politique, mais peu importe (...) Il ne doit pas justifier des actions des forces de l'ordre qui sortent du cadre légal de l'usage de la force", a dit David Le Bars sur BFMTV.
"Force est de constater qu'il y a des images qui vont faire mal à l'institution, mais il faut condamner ces images là. Après, ce sera à la justice et à l'administration de faire le nécessaire sur ceux qui ont commis des actes qui ne sont pas acceptables", a-t-il ajouté.
Les ministres de la Citoyenneté et du Logement, Marlène Schiappa et Emmanuelle Wargon, ont pour leur part souligné que les migrants doivent traités "avec humanité et fraternité" dans un communiqué où elles insistent sur la prise en charge des "personnes en situation de détresse."
"D'ores et déjà 240 places sont identifiées par le préfet de la région Ile-de-France, en centre d’accueil et d’examen des situations administratives et dans les structures de l’hébergement d’urgence", ajoutent-elles .
Une manifestation est prévue mardi à 18h00 place de la République à l'appel d'associations souhaitant dénoncer "les violences policières ainsi que la politique de non-accueil en France".
(Nicolas Delame, Jean-Philippe Lefief et Elizabeth Pineau, édité par Jean-Michel Bélot)