par Julien Ponthus
BOULOGNE, Pas-de-Calais (Reuters) - François Hollande a entrepris une difficile reconquête de l'électorat qui l'a porté au pouvoir en 2012 en intervenant sur des thèmes majeurs de la gauche, l'immigration et l'égalité, quelque peu délaissés en raison des difficultés économiques.
Le président français s'est rendu mardi à Boulogne-sur-Mer et à Lens (Pas-de-Calais), qui avaient respectivement voté à plus de 61 et 63% pour lui il y a deux ans et demi, et qui sont désormais tentés par le vote Front national.
Le chef de l'Etat, qui avait promis de développer les services publics dans les quartiers déshérités et de lancer un nouveau programme de rénovation urbaine pour prolonger l'action entamée par Jean-Louis Borloo en 2003, a revendiqué à Boulogne-sur-Mer une politique de la Ville ambitieuse.
Le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPRU) a identifié lundi la liste des 200 quartiers prioritaires au niveau national qui bénéficieront de 83% des cinq milliards d'euros débloqués sur 10 ans dans ce cadre.
François Hollande a revendiqué pour ces quartiers l'excellence du bâti mais aussi des équipements culturels.
"Pourquoi ne pas donner le meilleur? Au prétexte que c'est un logement social on devrait se limiter?", s'est-il interrogé lors d'une table ronde.
L'Etat espère que ces cinq milliards d'euros, conjugués aux efforts des collectivités locales et d'autres acteurs comme les bailleurs sociaux ou encore les fonds européens, permettront d'engager au total 20 milliards d'euros de travaux.
"C'est un quinquennat qui doit être organisé autour de l'égalité", a expliqué à la presse le chef de l'Etat.
L'ÉCONOMIQUE AU SERVICE DE LA CITÉ
La semaine passée, Manuel Valls avait déjà assuré que la lutte contre les inégalités menée par le gouvernement démontrait son ancrage à gauche face aux "frondeurs" du PS qui accusent le tandem exécutif de renier les fondamentaux du PS avec les baisses de charges pour les entreprises et le projet de loi d'Emmanuel Macron qui étend le travail du dimanche.
François Hollande a déclaré mardi que le Pacte de responsabilité proposé aux entreprises n'était qu'un dispositif au service d'une ambition plus large pour les Français.
"Nous avons bien sûr des mesures que nous prenons sur le plan économique, ce que j'ai moi-même engagé depuis deux ans et demi, mais devons aussi faire en sorte que l'économique soit au service de la cité et donc que l'égalité entre tous les Français soit reconnue", a-t-il dit lors de la visite d'une école du quartier Triennal de Calais, qui bénéficiera du NPRU.
Lundi, c'est sur l'immigration que François Hollande était intervenu en rendant hommage à l'apport des immigrés à la France, à rebours du discours du Front national et de certaines prises de position de Nicolas Sarkozy, qui veut pratiquer la politique de la chaise vide dans Schengen.
Mais il n'est pas allé jusqu'à prendre l'initiative sur l'octroi du droit de vote aux immigrés aux élections locales, une de ses promesses de campagne et souhait d'une partie du Parti socialiste et des écologistes.
Il a réaffirmé dans un discours que c'était hors de portée si l'opposition campe sur sa position de refus.
"Rien ne peut se faire sans une révision de la Constitution, ce qui suppose une majorité des trois cinquièmes", a-t-il dit en prônant un "accord entre les forces républicaines. A elles de prendre leurs responsabilités."
L'entreprise de reconquête de l'électorat semble donner de premiers résultats timides puisque, selon un sondage Odoxa pour L'Express, François Hollande gagne cinq points en un mois à 21% d'opinions positives et Manuel Valls huit points à 45%, ce dernier bénéficiant notamment dans l'opinion des attaques dont il a été victime dans son propre camp.
(Edité par Yves Clarisse)