PARIS (Reuters) - Le ministre de l'Agriculture et de l'Alimentation, Didier Guillaume, a annoncé vendredi l'accélération des procédures d'aide aux agriculteurs confrontés à un épisode de sécheresse prolongé qui affecte leurs exploitations.
En visite dans la Meuse, un des 59 départements visés par des restrictions d'eau, le ministre a notamment promis que la procédure d'indemnisation des calamités agricoles serait plus réactive, à l'heure où la France accuse un déficit de pluies moyen de 70% par rapport à la normale.
Les éleveurs, contraints pour certains d'entamer leur stock de fourrage hivernal pour nourrir les troupeaux en raison des pâturages asséchés, voire de vendre partie de leur cheptel, réclament depuis plusieurs mois une aide de l'Etat.
"Le dispositif d'indemnisation sera plus réactif, trois comités de gestion des risques en agriculture se réuniront exceptionnellement en décembre, janvier et février pour examiner les dossiers", annonce le ministre dans un communiqué.
Soixante départements ont déjà pu faire reconnaître dans certaines zones le régime de calamité agricole, qui permet aux exploitants de solliciter une indemnisation des pertes des récoltes sur prairies.
Didier Guillaume annonce en outre l'organisation de réunions sous l'égide des préfets "pour identifier les stocks de fourrage mobilisables et faciliter l'organisation d'opérations de solidarité".
Deux outils fiscaux sont également activés : le dégrèvement de la taxe sur le foncier non bâti pour les parcelles concernées et le report ou l'allègement du paiement des cotisations sociales auprès de la Mutualité sociale agricole (à hauteur d'une seconde enveloppe de 15 millions d'euros).
La Confédération paysanne appelait vendredi dans un communiqué le gouvernement à "rattraper (un) retard à l'allumage" sur la sécheresse, tandis que La FNSEA et les Jeunes agriculteurs sollicitaient eux jeudi un "plan d'urgence pour faciliter l'approvisionnement et pour apporter la trésorerie qui fait cruellement défaut".
La région Grand Est a annoncé jeudi le déblocage de 6 millions d'euros dans le cadre d'un plan sécheresse. "Une procédure de calamité agricole a été prévue pour pallier cette crise, nous attendons de l'Etat qu'elle soit véritablement déclenchée", avait déclaré à cette occasion le président de région Jean Rottner.
Cinquante-neuf départements, concentrés sur une bande centrale allant de la Vendée au Doubs en passant par le Limousin, sont touchés par des restrictions d'eau.
Dans son dernier bulletin de suivi hydrologique de septembre, Météo France évalue à 70% le déficit de pluies sur l'ensemble du pays. "Combiné aux températures élevées", ce déficit a accentué la "sécheresse des sols superficiels", qui s'est étendue désormais "à la quasi-totalité de l'Hexagone".
Le Bureau de recherches géologiques et minières note qu'au 1er octobre, 45% des nappes phréatiques affichaient un niveau modérément bas à très bas dû principalement à l'absence de précipitations en septembre, une situation qui n'est "pas très habituelle pour cette époque de l'année, généralement plus arrosée".
(Julie Carriat, édité par Yves Clarisse)