BRASILIA (Reuters) - Jair Bolsonaro, candidat de l'extrême droite, a été officiellement déclaré dimanche soir élu à la présidence du Brésil au terme d'une campagne électorale sous forte tension qu'il a axée sur la lutte contre la corruption et la criminalité.
En dépit d'un recul de dernière minute dans les intentions de vote, le candidat du Parti social-libéral s'impose largement au second tour face à Fernando Haddad, son adversaire du Parti des travailleurs (PT).
Il est crédité de 55,2% des voix contre 44,8% pour son rival, a annoncé le Tribunal supérieur électoral (TSE).
Dans ses premières déclarations, il a annoncé qu'il gouvernerait la quatrième démocratie la plus peuplée au monde en s'appuyant sur la Bible et la Constitution. Il a également annoncé que toutes ses promesses de campagne seraient tenues.
"Nous allons ensemble changer le destin du Brésil", a-t-il poursuivi, ajoutant que son élection tournait la page du "communisme".
Il a également insisté sur le fait qu'il voulait "unifier le Brésil" en réduisant la bureaucratie et en autorisant les entreprises à prospérer.
Des milliers de sympathisants se sont réunis devant son domicile sur le front de mer de Barra da Tijuca, à Rio de Janeiro et ont lancé des feux d'artifices au moment de l'annonce de sa victoire.
AGRESSÉ À L'ARME BLANCHE
L'accession au pouvoir de cet ancien capitaine, qui avait frôlé la victoire dès le premier tour, le 7 octobre dernier, a été facilitée par le rejet dans l'électorat du Parti des travailleurs, la formation de la gauche brésilienne qui a dirigé le pays pendant treize des quinze dernières années avant d'être emporté par des scandales de corruption à répétition.
Mais de nombreux Brésiliens redoutent que la victoire de Bolsonaro, ce nostalgique déclaré de la dictature militaire de 1964-1985, ne marque un recul des droits de l'homme, des libertés civiques et de la liberté de la presse.
A 63 ans, celui qui a été élu à sept reprises au Congrès et a adhéré à neuf partis différents au cours de sa carrière politique, a promis de réprimer la criminalité en accordant plus d'autonomie et de liberté aux forces de police, qui seraient autorisées à tirer sur les criminels.
Il propose aussi d'assouplir les lois sur le contrôle des armes afin de permettre à ses compatriotes de se défendre par eux-mêmes.
Bolsonaro, lui-même victime d'une agression à l'arme blanche début septembre alors qu'il était en tournée électorale dans l'Etat du Minas Gerais, s'impose au terme d'une campagne particulièrement violente, avec agressions et intimidations à la clef.
DES DÉCLARATIONS SEXISTES, RACISTES ET HOMOPHOBES
Ses déclarations, ses "sorties" sexistes, racistes et homophobes, en ont fait une figure particulièrement clivante au sein de la société brésilienne.
Mais dans un pays où le taux de chômage oscille entre 12% et 14% depuis 2016 et où près de 64.000 meurtres ont été commis l'an dernier, son programme a trouvé un écho auprès de dizaines de millions d'électeurs, fatigués des affaires de corruption qui ont décimé la classe politique.
Fernando Haddad n'a ainsi été désigné candidat du PT que début septembre, lorsque l'ex-président Luis Inacio Lula Da Silva, condamné à douze ans de prison pour corruption, a renoncé à faire annuler son inéligibilité.
Selon les observateurs de l'Organisation des Etats américains (OEA), le second tour dimanche s'est cependant déroulé dans le calme et l'ordre.
Bolsonaro, parfois surnommé le "Trump des Tropiques", entend renforcer ses liens avec Washington. Le président américain l'a d'ailleurs appelé dimanche soir pour le féliciter et les deux hommes ont exprimé leur intention de travailler "côte à côte pour améliorer la vie des Américains et des Brésiliens", dit un communiqué de la Maison Blanche.
(Anthony Boadle et Jake Spring à Brasilia, Gabriel Stargardter et Rodrigo Viga Gaier à Rio de Janeiro et Brad Brooks à Sao Paulo; Jean Terzian, Jean-Philippe Lefief, Henri-Pierre André et Arthur Connan pour le service français)