PARIS (Reuters) - Il ne serait pas réaliste d'imposer un doublement de la rémunération pour les salariés qui travaillent le dimanche car certaines petites enseignes n'y survivraient pas, a déclaré jeudi matin le ministre de l'Economie, Emmanuel Macron.
Le gouvernement fait face à une féroce opposition de l'aile gauche du Parti socialiste et des syndicats sur l'extension du travail le dimanche, prévu par la loi pour la croissance et l'activité présentée mercredi par Emmanuel Macron.
Le texte étend la possibilité d'ouvrir le dimanche - de cinq à douze dimanches à la discrétion des maires et toute l'année dans certaines zones dites touristiques - et ne prévoit pas de compensation minimale, celle-ci devant être fixée par des accords de branche, de territoire ou d'entreprise.
"Il est prévu que partout il y aura une compensation (...) et que sans accord il ne doit pas y avoir d'ouverture", s'est à nouveau défendu Emmanuel Macron jeudi sur RTL, qui a jugé impossible d'imposer un doublement du salaire.
"Faites deux secondes l'épreuve du réel, doublez le salaire, voyez si un petit magasin peut payer double. Il fermera", a asséné le ministre, disant croire que ce niveau de compensation pourrait être atteint dans les zones très fréquentées.
"Je pense que la loi doit poser un principe et ensuite quand on croit au dialogue social, il faut y croire jusqu'au bout (...) et c'est au niveau de la branche ou du territoire ou de l'entreprise que les règles peuvent être définies intelligemment", a-t-il plaidé. "Il y aura sans doute des branches qui prévoiront de payer double."
Pour lui, ce volet critique de sa loi, qui cristallise les oppositions plus que tout autre de sa centaine d'articles, est un gage de "progrès". Son texte, a-t-il dit, "redonne des accès, l'égalité des droits, plus de droits, plus de liberté".
"Il y a 600 zones touristiques où les Françaises et les Français travaillent le dimanche et la loi ne prévoit aucune compensation", a-t-il relevé, estimant à 30% le nombre de salariés qui font occasionnellement ou régulièrement l'impasse sur le repos dominical.
"Il y a beaucoup de Françaises et de Français qui travaillent le dimanche dans les usines, qui travaillent dans les services (...) On n'a jamais vécu ça comme un régression", a-t-il ajouté. "Il ne faut pas réduire la société à un seul modèle, à une seule vision."
(Gregory Blachier)