DACCA (Reuters) - La Première ministre du Bangladesh, Sheikh Hasina, s'achemine vers un quatrième mandat consécutif dimanche à l'issue d'élections législatives boycottées par l'opposition, marquées par un fort taux d'abstention et émaillées de violences.
Le taux de participation s'est élevé à 40% des suffrages exprimés, a annoncé la commission électorale. Il avait atteint 80% lors des précédentes législatives en 2018, auxquelles le Parti nationaliste du Bangladesh (BNP), le principal parti d'opposition, avait cette fois participé. Les premiers résultats sont attendus lundi matin.
Au pouvoir depuis quinze ans, Sheikh Hasina, âgée de 76 ans, affiche à son crédit le redressement d'une économie centrée autour de l'industrie du prêt-à-porter, dont les principaux clients sont les pays occidentaux.
La guerre en Ukraine, en faisant grimper le prix des importations de produits énergétiques et alimentaires, a cependant plongé dans la crise ce pays de 170 millions d'habitants, conduisant le gouvernement à se tourner vers le Fonds monétaire international pour obtenir une aide de plusieurs milliards de dollars.
Accusée d'autoritarisme et de violations des droits de l'homme, Sheikh Hasina a rejeté les appels de l'opposition à démissionner, accusant en retour ses adversaires d'alimenter les violentes manifestations antigouvernementales qui ont fait au moins 14 morts à Dacca, la capitale, depuis le mois d'octobre.
"Le Bangladesh est un pays souverain et mon pouvoir est le peuple", a déclaré la Première ministre après avoir déposé son bulletin dans l'urne. Une victoire de la Ligue Awami, son parti, lui offrirait son cinquième mandat à la tête du gouvernement depuis 1996.
Environ 120 millions d'électeurs étaient appelés à choisir entre près de 2.000 candidats pour les 300 sièges parlementaires élus au suffrage direct, dont 436 candidats indépendants, soit leur nombre le plus élevé depuis 2001.
Le BNP, dont les principaux dirigeants sont en prison ou en exil, accuse la Ligue Awami d'avoir présenté des candidats "factices" pour tenter de rendre les élections crédibles, ce que nie le parti au pouvoir.
Vendredi, quatre personnes sont mortes dans l'incendie d'un train, un acte volontaire selon le gouvernement. Plusieurs bureaux de vote, des écoles et un monastère bouddhiste ont été incendiés avant les élections.
(Sudipto Ganguly et Ruma Paul; Jean-Stéphane Brosse pour la version française)