par Megan Rowling
LIMA (Reuters) - Les pays les plus exposés aux conséquences néfastes du réchauffement climatique doivent d'urgence mettre en place des politiques d'aide à la relocalisation des populations vulnérables, soulignent des experts à la conférence internationale de Lima sur le climat.
"On sait maintenant que le changement climatique est un facteur de migration et qu'il devrait provoquer une hausse du déplacement des populations", a déclaré Mary Robinson, envoyée spéciale des Nations unies sur le climat.
"C'est une question qui n'est pas assez débattue", a ajouté l'ancienne présidente irlandaise. "C'est un problème qui mérite de nouvelles solutions."
Depuis 2008, on évalue à 27 millions de personnes par an en moyenne le nombre de réfugiés climatiques.
Selon la Nansen Initiative, qui aide les gouvernements à imaginer des moyens de protéger ces populations, le thème des migrations climatiques devra être pris en compte dans le nouveau pacte sur le climat qui doit être adopté lors de la conférence de Paris fin 2015.
"Non seulement parce qu'alors seulement, la mobilité humaine sera intégrée aux plans d'adaptation au changement climatique, mais aussi parce que l'accès aux financements dont ont besoin certains pays sera gravé dans le marbre", a expliqué Walter Kaelin, avocat et délégué de la Nansen Initiative à Lima, où se déroule la 20e conférence des parties de la Convention-cadre de l'Onu sur les changements climatiques (CCNUCC).
Les experts estiment que la priorité des Etats est de protéger sur place les populations à risque, en les aidant à mieux sécuriser leur accès à l'eau potable, en fabriquant des habitations plus résistantes aux conditions climatiques extrêmes et en améliorant les systèmes d'alerte et de prévention.
Mais dans certaines circonstances, quand un endroit est devenu totalement inhospitalier, la seule option est le départ, une situation que de nombreux Etats ont du mal à accepter et à anticiper.
DES EXEMPLES À SUIVRE
Les programmes d'adaptation au changement climatique que mettent en place les pays en développement n'envisagent guère la relocalisation d'un point de vue stratégique.
Quelques exceptions pourraient toutefois servir d'exemple.
L'île de Kiribati, menacée par la montée des eaux de l'océan Pacifique, a ainsi mis en place une politique de formation et tissé des liens avec les communautés d'expatriés afin que les habitants souhaitant s'expatrier puissent le faire avec "dignité".
En Amérique du Sud, la Colombie est le premier pays à avoir intégré le problème de la migration dans son plan national d'action face au changement climatique, déclare Diego Beltrand, de l'Organisation internationale pour les migrations.
Et aux Fidji, où des dizaines de villages ont besoin d'assistance face au changement climatique, le gouvernement met la dernière touche à un ensemble de mesures de relocalisation, dit Marine Franck, du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR).
La relocalisation de communautés doit être une "solution de dernier ressort quand tous les autres moyens d'adaptation ont échoué", souligne cette responsable. Mais les Etats doivent tenir compte de ce problème dans l'élaboration de leurs stratégies.
Il est ainsi primordial de discuter avec les communautés, comme récemment à Choiseul, une province des îles Salomon, où les autorités ont consulté les habitants du chef-lieu de l'île de Taro, avant de décider de les relocaliser dans une nouvelle ville, où ils s'installeront pas étapes.
(Jean-Stéphane Brosse pour le service français)