PARIS (Reuters) - Marine Le Pen a démis jeudi Aymeric Chauprade de ses fonctions de chef de file des 23 eurodéputés du Front national au Parlement européen après sa diffusion d'une vidéo sur l'islam, qui fait courir des risques juridiques à sa formation.
Il sera remplacé par Edouard Ferrand, ancien conseiller régional de Bourgogne et membre du parti depuis 1983, a-t-elle précisé à Reuters. En même temps, le FN aidera à organiser la défense d'Aymeric Chauprade, qui reste député européen, face à SOS-Racisme, qui entend le poursuivre en justice.
"Au moment où la liberté d'expression est revendiquée par tous, il est paradoxal de continuer à accorder à des associations stipendiées et résolument politisées le privilège exorbitant de poursuivre tous ceux qui expriment une opinion divergente", écrit le parti d'extrême droite dans un communiqué.
"Journalistes, écrivains, élus sont aujourd'hui victimes quotidiennement de ce terrorisme intellectuel et judiciaire dont l'objectif est de maintenir une chape de plomb", ajoute-t-il.
"Il peut y avoir une explication politique, mais Aymeric Chauprade reste un élu du FN et bénéficie de la protection juridique du parti", explique Florian Philippot, le vice-président du parti.
Dans sa vidéo, l'eurodéputé, apôtre de la théorie du choc des civilisations, dénonce l'existence d'une "cinquième colonne islamiste" en France. "Une cinquième colonne puissante vit chez nous et peut se retourner à tout moment contre nous en cas de confrontation générale […] On nous dit qu'une majorité de musulmans est pacifique, certes. Mais une majorité d'Allemands l'était avant 1933 et le national-socialisme", dit-il.
Pour SOS-Racisme, "dans un contexte où 116 actes antimusulmans, dont 28 contre des lieux de culte, ont été recensés en France depuis le début de l'année, et après les terribles attentats qui viennent d'avoir lieu, ces propos sont particulièrement inacceptables".
Pour l'association, la diffusion de cette vidéo sur des sites du Front qui, bien souvent, n'ont pas de directeur de la publication engage aussi la responsabilité pénale de Marine Le Pen.
La dirigeante a demandé aux cadres du FN de ne pas relayer la vidéo d'Aymeric Chauprade, ce qui n'a pas empêché sa nièce et députée frontiste du Vaucluse, Marion Maréchal-Le Pen, de la tweeter.
(Gérard Bon, édité par Yves Clarisse)