NOISY-LE-GRAND Seine-Saint-Denis (Reuters) - Manuel Valls a affirmé vendredi qu'il "tiendrait bon" et irait "jusqu'au bout de sa mission", à l'instar de François Hollande, alors que le couple exécutif traverse une crise profonde et fait face à des records d'impopularité.
Le Premier ministre a plaidé pour "l'exemplarité" en politique, 24 heures après avoir demandé au secrétaire d'Etat au Commerce extérieur, Thomas Thévenoud, de quitter le gouvernement pour avoir été en délicatesse avec l'administration fiscale.
"Je tiendrai bon parce qu'aujourd'hui la France exige que ses responsables ne se laissent pas impressionner, qu'ils continuent la mission qui leur a été donnée, parce que c'est l'avenir de la France qui en dépend", a-t-il dit lors d'un discours à l'occasion de l'inauguration d'un collège à Noisy-le-Grand, près de Paris.
"Oui, nous continuerons et je continuerai à agir jusqu'au bout, sans être impressionné par ceux qui considèrent qu'à la crise économique, la crise morale, il faudrait ajouter une crise politique", a-t-il ajouté.
Au lendemain de l'éviction de Thomas Thévenoud, il a fait l'éloge de l'exemplarité.
"Quand il y a une crise économique et sociale, quand grondent les voix des populisme et de l'extrême droite, il est indispensable que ceux qui ont la République chevillée au coeur, au corps et à l'esprit, soient exemplaires pour diriger leur pays", a-t-il déclaré
Manuel Valls a dit comprendre l'exigence des Français qui "demandent de la morale, de l'éthique et du comportement (...) qu'on soit ministre, parlementaire, élu local".
"Et quand on n'est pas au niveau de cette exemplarité, quand on n'est pas au niveau de cette éthique, on doit être écarté parce que les Français et ils ont raison, sont exigeants", a-t-il insisté.
Neuf jours après son entrée dans le gouvernement Valls II, Thomas Thévenoud a été remplacé jeudi par Matthias Fekl, député du Lot-et-Garonne.
Thomas Thévenoud, élu de 40 ans proche de l'ancien ministre de l'Economie Arnaud Montebourg, a expliqué avoir omis de déclarer ses revenus durant plusieurs années, et précisé avoir régularisé sa situation.
Dans une interview publiée vendredi sur le site du Journal de Saône-et-Loire, son fief électoral, Thomas Thévenoud explique qu'il peut être accusé de "négligence" mais pas de "malhonnêteté". Il précise qu'il souhaite conserver son mandat de député.
Présent aux côtés de Manuel Valls à Noisy-le-Grand, le président de l'Assemblée nationale, Claude Bartolone, a déclaré qu'"aujourd'hui, rien ne peut factuellement obliger Thomas Thévenoud à démissionner de son poste".
"Il est député. Il n'a à faire aucune formalité pour le rester. Pour le reste, on attendra ce qu'a à dire le cas échéant la Haute autorité de la transparence de la vie publique et on attendra de savoir ce que sont ses explications".
(Elizabeth Pineau, édité par Sophie Louet)