PARIS (Reuters) - L'OCDE s'attend à ce que la croissance mondiale reprenne un peu plus d'élan que prévu au cours des deux prochaines années, sous l'effet de la politique de relance envisagée aux Etats-Unis.
Dans ses prévisions d'automne, publiées lundi, l'Organisation de coopération et de développement économiques voit la croissance mondiale passer de 2,9% cette année à 3,3% en 2017 - alors qu'elle n'attendait que 3,2% en septembre - pour atteindre 3,6% en 2018.
Elle a notamment révisé en hausse ses anticipations de croissance de l'économie américaine, pour laquelle elle attend désormais 1,5% cette année (contre 1,4% précédemment) et 2,3% en 2017 soit 0,2 point de plus qu'auparavant.
L'organisation basée à Paris table même sur une croissance de 3,0% de la première économie mondiale en 2018, ce qui marquerait son rythme le plus rapide depuis 2005.
Cette évolution serait principalement alimentée par les baisses d'impôts et les projets de dépenses publiques de la future administration Trump, qui stimuleraient l'investissement et la consommation aux Etats-Unis, avec des retombées sur la demande extérieure.
L'économie américaine verrait par conséquent son taux de chômage reculer de 4,9% cette année à 4,5% en 2018, tandis que l'inflation remonterait de 1,2% en 2016 à 2,2% en 2018, permettant à la Réserve fédérale de relever progressivement ses taux, qui pourraient atteindre 2,0% en 2018.
Cette reprise de l'économie américaine permettrait de compenser en partie le ralentissement en Chine et au Royaume-Uni ainsi que la faiblesse persistante de la croissance dans la zone euro.
Malgré les mesures de relance mises en oeuvre, la Chine, qui ne figure pas parmi les 35 pays membres de l'OCDE, devrait voir se poursuivre le ralentissement de sa croissance, quoiqu'à un rythme plus lent qu'anticipé en septembre.
STAGNATION DANS LA ZONE EURO, RALENTISSEMENT BRITANNIQUE
La croissance du produit intérieur brut (PIB) chinois passerait ainsi de 6,7% cette année à 6,4% en 2017 et 6,1% en 2018.
L'OCDE souligne cependant les risques croissants sur ces prévisions et appelle notamment Pékin à un ajustement rapide dans le marché immobilier et le secteur industriel, ainsi qu'à une politique monétaire prudente.
L'organisation a également revu en légère hausse ses prévisions de croissance pour le Royaume-Uni, l'action de la banque centrale ayant permis d'atténuer les répercussions du choix des électeurs britanniques de quitter l'Union européenne lors du référendum du 23 juin.
Le ralentissement de l'économie britannique restera cependant marqué dans la perspective de la sortie annoncée de l'Union européenne, la croissance devant revenir de 2,0% cette année (contre 1,8% dans sa précédente prévision), à 1,2% l'an prochain (+0,2 point également) et 1,0% en 2018.
Le caractère imprévisible des modalités du "divorce" entre Londres et l'UE représente un risque baissier majeur pour l'économie britannique, souligne l'OCDE.
Cette dernière a également revu en légère hausse ses attentes pour la zone euro, les relevant de 0,2 point à la fois cette année et l'an prochain par rapport à ses prévisions de septembre. Elle table désormais sur une croissance de 1,7% cette année, de 1,6% l'an prochain et de 1,7% en 2018.
L'Allemagne (1,7% sur chacune des trois années) évoluerait donc dans la moyenne du bloc, tandis que la France se situerait en-dessous (1,2%, 1,3% et 1,6%) bien qu'étant moins distancée que l'Italie (0,8%, 0,9% et 1,0%).
Les économistes de l'OCDE sont légèrement plus optimistes pour le Japon, le renforcement de la demande en provenance des Etats-Unis compensant la demande atone sur le continent asiatique. La croissance dans l'archipel a été revue en hausse de 0,2 point pour cette année, à 0,8% et en hausse de 0,3 point pour 2017, à 1,0%. Elle devrait à nouveau ralentir à 0,8% en 2018.
Malgré ce tableau globalement légèrement plus positif qu'en septembre, l'OCDE appelle une nouvelle fois les gouvernements à mener des réformes structurelles et utiliser la politique budgétaire pour soutenir la croissance.
En effet, prévient l'organisation, "si les changements (envisagés) aux Etats-Unis et l'impact attendu de l'assouplissement budgétaire prévu en Chine et dans la zone euro ne se concrétisent pas, la croissance du produit intérieur brut mondial sera inférieure de 0,4 point aux prévisions en 2017 et inférieure de 0,6 point en 2018."
(Leigh Thomas et Myriam Rivet, édité par Marc Angrand)